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Leur société
Le voile à l'assaut des écoles
Au Lycée Henri-Wallon à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, le voile islamique est revenu sur le devant de la scène et la presse écrite comme la radio et la télévision s'en sont fait largement l'écho.
Deux lycéennes, des soeurs, ont tenté de s'imposer voilées aux cours, y compris à la gymnastique. Certains enseignants s'y sont, à juste titre, opposés et après deux semaines de discussions des enseignants avec elles, l'inspecteur d'académie, après avoir essayé à son tour de les convaincre, leur a signifié que si elles continuaient à vouloir assister aux cours voilées, elles risquaient l'exclusion.
Cela a déclenché dans le lycée une réaction de quelques dizaines d'élèves qui, massés devant la porte, ont, en soutien avec ces deux élèves, crié tout d'abord: " Le voile à Wallon, le voile à l'école, l'école pour tous".
Le père de ces adolescentes, un avocat du MRAP, se présente selon Le Monde comme un "Juif sans dieu" et, toujours selon ce journal, parlerait de " la folie hystérique de certains ayatollahs de la laïcité".
Mais il se trouve que tous les enseignants qui refusent d'accepter en classe des jeunes filles voilées n'agissent pas seulement au nom d'une laïcité schématique mais parce qu'ils s'opposent à l'oppression des femmes. Ils ne s'opposent pas à l'exercice d'une religion en-dehors de l'école mais au fait, dans ce cas précis, que des femmes, des jeunes filles, soient victimes, même consentantes, d'une ségrégation basée sur le sexe.
Ces deux jeunes filles sont manifestement des militantes et pas seulement des croyantes. Et cette tentative de passage en force sur le voile au lycée risque de condamner bien d'autres jeunes filles à le porter et qui, elles, ne seront pas volontaires pour le faire.
Si ces deux jeunes militantes réussissent à ouvrir la voie, les autres ne pourront pas résister. Leur propre sort ne concerne pas qu'elles deux, mais le sort de toutes les jeunes filles d'origine musulmane, et cela nous concerne donc toutes et tous, musulmans ou pas.
Le père de ces jeunes filles, qui sont deux soeurs, qui se dit juif athée, en fait une atteinte à la liberté religieuse car, écrit-il, c'est à cause de leur appartenance religieuse qu'elles pourraient être exclues. Ce n'est pas le cas. C'est à cause du mal qu'elles font aux autres jeunes filles musulmanes qui n'ont pas la même liberté qu'elles dans leur famille et, ce faisant, du mal qu'elles font à toutes les femmes.
On parle des droits de l'homme, mais il y a aussi le droit des femmes. Le droit de ne pas être murées derrière un voile, de ne pas subir cette ségrégation sexuelle qui est aussi une ségrégation sociale. Pourquoi les jeunes garçons musulmans ne sont-ils pas voilés? Parce qu'ils sont des garçons! C'est ce sort particulier fait aux femmes qui est inacceptable.
Aussi bien le MRAP que ces jeunes filles parlent de racisme à leur égard. L'une d'elles a dit devant la télé: "Cela aboutira à ce qu'il y ait des écoles juives pour les juifs, musulmanes pour les musulmans, catholiques pour les chrétiens et l'école publique pour les racistes".
La hargne et l'injure est de leur côté et du côté de leur père. Mais cette injure pourrait se retourner contre elles car le racisme anti-femmes existe, même si au MRAP il y a des avocats pour le défendre.
Il a fallu s'opposer aux autorités catholiques, protestantes et juives, voire musulmanes -mais avant tout ici c'est l'Eglise catholique qui influence le plus l'opinion -, lorsqu'il s'est agi du droit des femmes à la contraception et à l'avortement auxquels le Pape est encore violemment opposé.
Peut-on dire que ceux et celles qui combattaient pour ces droits s'en prenaient à la liberté religieuse? Non, ils s'en prenaient aux religieux qui prétendaient imposer leur morale à la société. Il s'agit aujourd'hui de la continuation de cette lutte pour les droits des femmes.
Et puis, le père de ces jeunes filles s'est exprimé sur les ondes en déclarant en substance: " Nous connaîtrons les noms de ceux qui sont à l'origine de cette exclusion, les noms de ceux qui auront pris cette décision". Il s'agit là de menaces à peine voilées, elles. Et d'un chantage! Bel exemple de la part d'un avocat! Cela signifie-t-il que les membres du conseil de discipline qui prendront cette décision et les enseignants qui se seront opposés au port du voile doivent s'attendre à se retrouver accueillis à la sortie du lycée par quelques voyous ayant mal interprété ces paroles du père?
Eh bien, nous, nous approuvons les enseignants qui ont le courage de défendre cette position et nous souhaitons qu'il y en ait beaucoup dans ce pays.
Et d'ailleurs, les enseignantsne devraient pas avoir besoin d'une excuse, pas besoin de se réfugier derrière une loi, leur vocation d'enseignant, leur conscience devraient suffire.