L'accord sur la formation professionnelle : C'est bon pour la formation...des profits25/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'accord sur la formation professionnelle : C'est bon pour la formation...des profits

Le patronat et les organisations syndicales se sont mis d'accord sur un texte concernant la formation professionnelle des salariés. Seule la CGT a émis quelques réserves. Hormis elle, les uns et les autres se congratulent. Raffarin salue "le sens du dialogue et des responsabilités" des organisations syndicales et patronales. Fillon évoque rien moins qu'un accord "historique". Quant au chef de la délégation du Medef, il s'affirme "ravi" alors que son patron, Seillière, se réjouit de la capacité des "partenaires sociaux" à "progresser ensemble".

Quand tout ce beau monde est satisfait, les travailleurs n'ont qu'à bien se tenir. Et de fait cet accord, au-delà des apparences, donne toute satisfaction au patronat pour imposer des opérations de formation comme il l'entend, c'est-à-dire selon les exigences de ses affaires.

Il est bien question de l'affirmation du "droit individuel à la formation" (DIF) qui, sur le papier, pourrait permettre à tous les salariés de bénéficier de 20 heures de formation cumulables pendant six ans. Mais il y a bien des restrictions. En particulier, ce droit à la formation ne concerne pas les travailleurs en contrat à durée déterminée ou les intérimaires.

Mais surtout, l'accord aggrave les conditions dans lesquelles les actions de formation peuvent être organisées. Certaines formations pourront dorénavant être effectuées hors du temps de travail, ce qui permettra au patronat de gagner pour chaque salarié en formation de 50 à 80 heures par an, ce qui n'est pas rien.

Droit individuel à la formation ou participation au plan de formation continueront à dépendre de l'accord de la direction de l'entreprise. Les heures de formation ne seront rémunérées qu'à hauteur de 50%. Tout cela ne coûtera pratiquement rien au patronat: dans le pire des cas, pour les grandes entreprises, qu'un petit 0,1% supplémentaire de la masse salariale.

Ce n'est pas par humanisme ou par souci de l'évolution de la carrière ou des connaissances de leurs salariés que certaines entreprises consacrent un budget à la formation, mais par nécessité, suivant les évolutions de la production. Et les cadres sont en ce domaine bien plus concernés que les travailleurs du rang.

La formation professionnelle prévue par cet accord est un mirage. Elle n'aidera pas à mieux se reconvertir en cas de licenciement, et encore moins à élargir les connaissances générales des salariés. Quant aux organisations syndicales, en acceptant qu'une partie au moins de cette formation se fasse hors du temps de travail, elles permettent que le patronat ait encore plus de latitude pour allonger le temps de travail.

En tout cas, on est bien loin d'une véritable formation continue, ne serait-ce que professionnelle, tout au long de sa vie. Le patronat peut être ravi.

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