Éducation nationale : Ferry va plus vite à supprimer des emplois qu'à les remplacer25/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : Ferry va plus vite à supprimer des emplois qu'à les remplacer

Dans les collèges et les lycées, le ministère de l'Éducation nationale devait remplacer les 5 600 surveillants dont le contrat n'a pas été renouvelé, par des assistants d'éducation. Or, trois semaines après la rentrée, c'est loin d'être le cas, ce qui rend hasardeuse la surveillance des élèves. Il est d'ailleurs impossible de faire la part entre la mauvaise volonté de l'administration et les réticences des éventuels candidats, qui ne semblent pas se bousculer pour faire 35 heures par mois de surveillance dans un établissement difficile en étant payés au Smic.

Mais ce qui devient de jour en jour plus évident, c'est que les tâches qu'accomplissaient les aides-éducateurs ne seront pas ou peu assurées cette année. Aide aux devoirs pour les élèves en difficultés, encadrement de sorties ou d'activités sportives par exemple avec les enseignants, tout cela risque de disparaître au rythme des fins de contrat de ces aides-éducateurs. En effet il n'y a pratiquement pas d'assistants d'éducation nommés pour en assurer la continuité. Et ce ne sont pas les enseignants qui pourront compenser leur absence, avec les classes surchargées qu'on leur confie.

Dans l'enseignement primaire également, les assistants d'éducation arrivent au compte-gouttes. 14000 contrats d'aides-éducateurs ont pris fin en juin dernier. Si l'on ajoute tous ceux qui vont partir d'ici la fin de cette année scolaire, on arrivera à 23000. Or, pour les remplacer, le gouvernement n'a prévu que 9000 assistants d'éducation. Dans les écoles, où la présence des aides-éducateurs permettait de pallier un peu le manque de personnel enseignant, cela se traduit dès maintenant par des difficultés supplémentaires et l'abandon d'activités mises en place les années précédentes.

Pour ne donner que deux exemples dans le 19ème arrondissement de Paris: à l'école maternelle de la rue Fessart, deux aides-éducatrices dont le contrat se terminait n'ont pas été remplacées à la rentrée. Une d'entre elles s'occupait de la bibliothèque des enfants, qui reste donc fermée. Par ailleurs, toutes les classes n'ont pas d'aide-maternelle, et les institutrices doivent gérer seules les problèmes d'habiller et de déshabiller les petits, de les emmener aux toilettes, ce qui réduit le temps consacré aux activités d'apprentissage.

Quant aux deux écoles primaires du groupe scolaire de la rue de Romainville, classées en zone d'éducation prioritaire, elles disposaient de six emplois-jeunes en 1998. Ils s'occupaient de la bibliothèque, de l'informatique et du soutien aux élèves. Au fil des années, ces jeunes sont partis, la dernière en juin. Aucun n'a été remplacé. Et aujourd'hui, aucun assistant d'éducation ne viendra assurer les tâches indispensables dont ils s'acquittaient.

On vient d'apprendre qu'un assistant d'éducation était nommé à l'école de la rue Lassalle. Un seul, pour les 23 écoles primaires de la circonscription qui couvre un tiers de cet arrondissement populaire de Paris!

Le nouveau statut d'assistant d'éducation, plus défavorable que les précédents, aggrave les conditions de travail de ceux qui encadrent les élèves. Mais le nombre de postes a surtout été réduit considérablement. Cela pèsera d'autant plus au tout début de la scolarisation et cela n'est pas près de réduire l'illettrisme dont parle tant le ministre.

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