Chirac et Raffarin : Le cynisme au pouvoir25/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1834.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Chirac et Raffarin : Le cynisme au pouvoir

Il ne se passe pas un jour sans que l'on apprenne que le gouvernement Chirac-Raffarin prépare un nouveau mauvais coup contre les travailleurs.

Les derniers projets en date envisagent de taxer les maigres intérêts versés sur les livrets A et les livrets d'Epargne populaire (sans toucher davantage, bien sûr, aux revenus des capitalistes), et d'augmenter le taux de la CSG frappant les indemnités maladie journalières, les pensions de retraite et d'invalidité, les allocations de chômage, toutes mesures frappant les plus nécessiteux.

La semaine dernière, le gouvernement a, de la même manière, annoncé sa décision de réduire à deux ans maximum le versement de l'Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) destinée aux chômeurs en fin de droits, et cela alors que le nombre de ceux qui sont dans ce cas (420000 aujourd'hui, soit presque un quart des chômeurs) va faire un bond en avant puisque l'Unedic avait déjà décidé de son côté de raccourcir la période d'indemnisation des chômeurs. Bien sûr, il restera toujours aux dizaines de milliers de chômeurs victimes de ces mesures la possibilité de demander à bénéficier du RMI. Mais outre que, même s'ils l'obtiennent, cela se traduira par une nouvelle baisse de leurs maigres revenus, c'est aussi leur future retraite qui risque d'être sérieusement amputée, parce que la période pendant laquelle ils auront été au RMI n'entrera pas dans le calcul du nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d'une retraite à taux plein.

Évidemment, cette mesure permettra à l'État de faire quelques économies puisque, contrairement à l'ASS, le RMI est à la charge des Conseils généraux des départements (ce qui se traduira forcément, à terme, par une augmentation des impôts locaux). Mais ces économies ne représentent que le dixième de ce que la baisse de 3% des impôts sur le revenu, qui bénéficiera surtout aux gros et très gros revenus, coûtera à l'État.

Les hommes politiques de la bourgeoisie, ses intellectuels, ses journalistes, ne cessent de répéter que nous ne sommes plus au XIXe siècle, que la notion de lutte de classe est complètement dépassée.

Mais si nous sommes bien au XXIe siècle, la bourgeoisie et son État la mènent tous les jours, la lutte des classes, comme aux premiers temps du capitalisme, pour tenter de réduire le plus possible la part des travailleurs dans la répartition des richesses qu'ils produisent.

Cependant, dans les calculs de Raffarin et de Chirac, il n'y a pas que la volonté de pressurer davantage le monde du travail au profit des privilégiés. Il y a aussi la volonté de plaire à ces millions de bourgeois, petits et grands, qui méprisent les travailleurs, et cela parce qu'ils constituent la clientèle électorale de la droite et que la campagne pour les élections régionales et européennes de 2004 est déjà commencée.

Si depuis des mois le chômage ne cesse d'augmenter, ce n'est pas la faute des travailleurs, mais celle de ceux qui dans leurs conseils d'administration planifient les "plans sociaux", autrement dit les plans de suppressions d'emplois, dans le but de faire toujours plus de profits. Mais s'en prendre aux chômeurs, en affirmant qu'il faut les "inciter" à rechercher un emploi, qu'on ne peut pas "les payer indéfiniment", que "le problème c'est que les gens n'ont plus envie de travailler", comme il se dit, d'après la presse, dans l'entourage du Premier ministre, c'est flatter les sentiments haineux de ces gens pour qui les travailleurs sont toujours trop bien payés pour ce qu'ils font... mais qui ne se font pas faute, eux, de réclamer à chaque occasion l'aide de l'État.

Dans chacune des mesures de Chirac et Raffarin dirigées contre le monde du travail, il y a aussi la volonté de plaire à cet électorat, non seulement en défendant ses intérêts, mais aussi en flattant la mentalité réactionnaire et obtuse de ces gens-là. Mais une fois que la coupe est pleine, elle finit par déborder, et Chirac et Raffarin pourraient bien, du même coup, susciter une riposte des travailleurs qui leur fera regretter leur démagogie antiouvrière, car les travailleurs ne se laisseront pas toujours mépriser et opprimer.

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