Israël-Palestine : L'obstacle à la paix c'est la politique d'Israël18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : L'obstacle à la paix c'est la politique d'Israël

Avec un total cynisme, le gouvernement israélien a adopté le 11 septembre une résolution qui, après avoir qualifié Yasser Arafat d'"obstacle absolu à toute tentative de réconciliation entre Israéliens et Palestiniens", affirme qu'"Israël s'emploiera à se débarrasser de cet obstacle d'une façon ou d'une autre, et à un moment qui sera décidé par la suite".

Les plus modérés du gouvernement Sharon ont parlé d'expulser de force Arafat vers un autre pays. D'autres membres du gouvernement, comme le vice-Premier ministre Ehud Olmer, le 14 septembre, ont fait savoir leur préférence pour l'assassinat pur et simple du chef de l'Autorité palestinienne: "Nous essayons d'éliminer tous les cerveaux du terrorisme et Arafat en est un", a-t-il tenu à préciser.

Sharon et son gouvernement se comportent donc comme de vulgaires chefs de bandes mafieux décidant l'élimination de qui bon leur semble. La seule différence est que les parrains de la mafia font cela discrètement, entre eux, alors que Sharon et sa bande clament haut et fort leurs intentions criminelles et en sont fiers.

Et puis il faut vraiment se croire tout permis, et penser que les mots ne veulent plus rien dire pour qualifier Yasser Arafat "d'obstacle absolu à la réconciliation" alors qu'en matière de "réconciliation" l'armée israélienne, depuis des mois, des années, n'a cessé de faire régner la terreur contre toute la population palestinienne, assassinant par milliers hommes, femmes et enfants.

Yasser Arafat a accepté de multiples compromis et reculades, alors que depuis les accords "historiques" d'Oslo, il y a dix ans déjà, qui faisaient suite à la première Intifada, avec des milliers de morts palestiniens, jamais le gouvernement israélien n'a respecté ses engagements. Pour lui "l'Autorité palestinienne", et l'autonomie minuscule qui lui était concédée, ne devaient servir qu'à faire faire par celle-ci la police contre son propre peuple. Jamais pendant toutes ces années du prétendu "processus de paix" bien mal nommé, on n'avait autant spolié les Palestiniens de leur terre, les asphyxiant économiquement, réduisant à la misère matérielle et morale une part grandissante de la population, poussant au désespoir tout un peuple.

C'est cette politique qui a nourri le terrorisme aveugle. Celui-ci est injustifiable car il est le pendant du terrorisme de l'État sioniste et marque le même mépris vis-à-vis de toutes les populations, israéliennes comme palestiniennes. Mais si des groupes, et en tout premier islamistes, pour leurs intérêts propres, qui ne sont pas ceux du peuple palestinien, ont pu proposer à certains de se suicider dans des attentats aveugles contre la population israélienne, on peut imaginer la dose de désespoir accumulé que cela signifie. Depuis le début de la deuxième Intifada, en 2000, l'armée israélienne n'a répondu que par la terreur aux manifestations, ajoutant d'autres milliers de morts aux précédents.

Quant à Arafat lui-même, depuis décembre 2001 il est confiné, avec parfois des chars à sa fenêtre, dans son réduit de Ramallah. Son expulsion a déjà été mise à l'ordre du jour plusieurs fois. Il a même accepté de se dessaisir de son pouvoir et de nommer en mars 2003 un Premier ministre qui avait l'agrément des Israéliens et des Américains, Mahmoud Abbas. Mais cela n'a pas encore suffi à Sharon et aux siens. En fait de trêve et de "feuille de route" ils ont continué à faire assassiner, comme si de rien n'était, les chefs des mouvements palestiniens qui avaient, eux, accepté de suspendre leurs actions, en faisant tirer régulièrement sur les foules à Gaza ou en Cisjordanie. Le seul rôle que Sharon accordait à Abbas était de se conduire en auxiliaire de la répression organisée par Israël.

Le cycle des attentats a donc repris, menant à l'impasse et à la démission d'Abbas. Et c'est à la suite de cela que le gouvernement israélien voudrait sceller le sort d'Arafat. Cela ne résoudrait rien, Sharon le sait mieux que quiconque. En revanche cela humilierait encore un peu plus l'ensemble du peuple palestinien et aggraverait encore la situation.

Des milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue à cette annonce. Le gouvernement américain, conscient de l'explosion qui pourrait s'en suivre dans toute la région, a fait savoir son hostilité. Mais quand on a vu comment il se conduit en Irak, il serait illusoire de compter sur ce rempart de circonstance, ni même sur celui, encore plus dérisoire, des autres gouvernements occidentaux.

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