À peine, le gouvernement a-t-il annoncé qu'il allait continuer à baisser les impôts sur le revenu de 3%, qu'il vient d'annoncer une hausse de 2,5 centimes à la pompe sur le litre de gazole, soit en réalité 3 centimes d'euros avec la TVA (0,20F) ce qui représente environ 4% d'augmentation. D'autre part, les impôts locaux, qui vont arriver prochainement dans les boîtes aux lettres, augmenteront de 3,5% en moyenne. Il s'agit bien d'une moyenne car dans certaines communes, ce sont des hausses de 15% qui sont programmées.

Certains ont dit que le gouvernement reprenait d'une main ce qu'il donnait de l'autre. Ce n'est même pas vrai. Par ces mesures, il prend directement dans la poche des pauvres pour remplir celles des riches.

L'impôt sur le revenu est le plus juste, ou plutôt le moins injuste car il est progressif: plus on gagne, plus le taux d'imposition augmente. La moitié la plus pauvre n'en paye pas. L'abaissement de 3% de l'impôt sur le revenu est donc un cadeau aux nantis: cela représente en moyenne moins de 30euros de réduction pour la tranche la plus basse, mais plus de 400 euros pour la tranche la plus haute.

La taxe d'habitation, elle, ne dépend pas des revenus mais de la valeur locative du logement et est même relativement plus lourde pour ceux qui n'ont qu'un faible revenu. De plus, dans les villes riches, comme Paris, Neuilly ou Puteaux, qui bénéficient de nombreux sièges sociaux et donc de versement de la taxe professionnelle, le taux des impôts locaux est bien plus faible que dans les communes ouvrières de banlieue. Cet impôt est donc bien plus injuste, mais c'est justement celui-ci qui augmente.

Enfin l'augmentation du gazole touche souvent les voitures des milieux populaires, le prix du gazole permettant jusque-là de rentabiliser un prix d'achat plus élevé. Il s'agit vraiment de l'augmentation la plus inique et d'autant plus choquante que sur les 0,77 euro que coûtait un litre de gazole, les taxes constituent déjà 0,51 euro, les deux tiers du prix.

Au petit jeu des augmentations et baisses d'impôts, les pauvres payeront plus d'impôts que l'an dernier, les riches beaucoup moins. En payant à la pompe sur la route du travail ou en acquittant sa taxe d'habitation, le smicard saura qu'il paye pour les restaurants de luxe, les yachts et les bijoux de son patron et de ses actionnaires.