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Leur société
Retraites complémentaires : De nouvelles menaces se profilent
Le 9 septembre, patronat et syndicats ont entamé les négociations sur l'avenir des régimes de retraite complémentaires (ARRCO et AGIRC). L'enjeu est de taille: l'ensemble des salariés du privé ainsi que des personnes travaillant pour des filiales d'entreprises publiques sont concernés, soit seize millions de salariés, cadres et non cadres. Par ailleurs, les pensions versées par les régimes complémentaires représentent entre 30% de la retraite globale pour les ouvriers et employés, et 60% pour les cadres.
Comme pour le régime général, le gouvernement et le patronat refusent de mettre la main à la poche pour financer ces régimes. Le problème n'est pas nouveau. Lorsqu'en 1983 l'âge légal du droit au départ fut abaissé à 60 ans dans le régime général, le patronat refusa de l'appliquer pour les caisses complémentaires où l'âge légal resta fixé à 65 ans. Cependant, une structure financière alimentée par une cotisation spécifique, aujourd'hui baptisée AGFF, prit en charge le surcoût de la complémentaire entre 60 et 65 ans. Or ce dispositif, qui n'était que temporaire, arrive à échéance le 1er janvier 2004, et les représentants du Medef ne désarment pas: pas question pour le patronat de financer le surcoût occasionné pour les régimes complémentaires par la possibilité de partir à soixante ans.
Si l'AGFF disparaît, les salariés qui auraient la possibilité de partir avant 65 ans dans le cadre du régime général subiraient une pénalité sur leur complémentaire, pouvant aller jusqu'à une baisse de 20 ou 25% de leur pension globale.
Autre problème qui doit être débattu, comment compenser l'accroissement du nombre d'allocataires? Déjà, en 1996, le patronat avait trouvé le moyen de ne pas augmenter sa contribution financière en imposant une diminution de la valeur du point de référence, entraînant une baisse de 20% des pensions complémentaires.
Enfin, se pose la question du financement du volet de la réforme Fillon applicable aux salariés ayant commencé à travailler dès l'âge de 14, 15 ou 16 ans et totalisant 40 à 42 ans de cotisation. En principe, ce volet leur permet de prendre leur retraite avant 60 ans, mais le gouvernement ne veut pas en assurer la charge financière (600 à 700 millions d'euros par an), qu'il compte faire peser sur les régimes complémentaires, et plus particulièrement sur l'AGFF dont les caisses affichent un excédent de 2 milliards d'euros.
Après la remise en cause du régime général, ce sont donc les régimes complémentaires qui sont aujourd'hui menacés. Et face à la volonté affichée aussi bien par le patronat que par le gouvernement d'imposer aux travailleurs une hausse de leurs cotisations pour des prestations moindres, il faudra que les salariés pèsent de tout leur poids.