Proche-Orient : Responsabilités non partagées11/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1832.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Responsabilités non partagées

Après la démission de Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien; après la tentative d'assassinat par l'armée israélienne du Cheikh Yassine, principal leader du mouvement Hamas; après les nouveaux attentats-suicide et les nouvelles attaques israéliennes qui ont suivi, même les plus obtus des observateurs sont bien obligés de constater la déroute de la "feuille de route" et l'absence totale du moindre espoir de paix dans cette région du Proche-Orient.

D'aucuns feignent de croire que la démission d'Abbas serait une affaire intérieure palestinienne, révélant l'opposition qui existerait entre Arafat et son ex-Premier ministre. Sans nier les divergences parfois profondes qui les opposaient, force est tout de même de constater que dans sa lettre de démission, Abbas s'en prend d'abord et avant tout au gouvernement israélien et à son principal soutien, celui des États-Unis. "Vu les conditions difficiles et impossibles qu'a connues mon gouvernement, écrit Abbas, alors que le gouvernement israélien a mis les obstacles rendant impossible tout processus de paix, et a commis les pires exactions contre notre peuple, notre terre et nos droits, et a fui devant ses engagements; et au vu de l'absence d'une volonté internationale en faveur de la paix; et alors que le gouvernement a été victime d'une campagne hostile, le paralysant, j'ai déployé tous mes efforts afin de remplir ma mission". Et Abbas poursuit: "L'État hébreu n'a respecté aucune clause des accords. Si Israël avait tenu un seul de ses engagements, la situation aurait été différente".

Tout cela n'est certes pas nouveau. Alors que Sharon n'a cessé de faire pression sur Abbas pour qu'il se confronte aux islamistes, les États-Unis, soutenant la politique israélienne, se sont bien gardés d'exercer une réelle pression sur Sharon pour qu'il cesse les attaques israéliennes et l'expansion de la colonisation. Cette réalité, une partie de la presse israélienne est bien forcée de la reconnaître. Ainsi, le journal Haaretz du 8 septembre écrit: "Du point de vue palestinien, le gouvernement d'Abbas a pris une série de mesures en vue de la mise en application de la "feuille de route", tandis que du côté israélien, les initiatives ont été infimes".

Et de fait, bien que le gouvernement palestinien n'ait pas, contrairement à ce que demandait la "feuille de route", démantelé "les infrastructures et les capacités terroristes... par la confiscation des armes illégales" ce qu'il était d'ailleurs bien incapable de faire, il est tout de même parvenu à une trêve acceptée par le Hamas et le Djihad mais non reconnue par Israël.

Par contre, Israël n'a rien apporté en échange, si ce n'est la libération sans conséquence de quelques centaines de prisonniers qui de toute façon devaient pour la plupart être libérés prochainement et qui n'étaient, pour certains, que de simples délinquants. De même pour les barrages: l'armée israélienne n'en a levé que cinq sur les 200 qui sont déployés dans les Territoires occupés. Quant au démantèlement des points de colonisation construits après mars 2001, date de l'arrivée au pouvoir de Sharon et du gel de toutes les activités de colonisation, y compris la croissance naturelle des colonies antérieures à cette date, rien n'a été fait. Seules une dizaine de colonies illégales, par ailleurs non habitées, ont été démantelées en juin dernier. Mais de leur côté, les colons ont créé de nouveaux points de colonisation en nombre supérieur à ceux qui existaient avant la "feuille de route". Et pour que les choses soient bien claires, Sharon a publiquement refusé le gel de l'extension de la colonisation.

À tout cela, il faut ajouter la continuation de la construction du "mur de l'apartheid" qui se situe en plein territoire palestinien entre des enfants et leurs écoles, des étudiants et leurs universités, des villages palestiniens et leurs puits, des paysans et leurs champs, des malades et leurs médecins... Ce mur de la honte déchire des communautés palestiniennes, tout en permettant à Israël d'annexer au passage des portions parfois importantes de territoires palestiniens.

C'est dire que l'actuelle situation qui prévaut dans cette partie du Proche-Orient incombe au premier chef au gouvernement israélien qui non seulement n'entend pas modifier sa politique mais maintient au contraire son attitude de force qui ne peut susciter que désespoir, haine, colère et révolte.

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