Le cynisme gouvernemental déguisé en solidarité11/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1832.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le cynisme gouvernemental déguisé en solidarité

Le projet de supprimer un jour férié en invoquant la solidarité avec les personnes âgées est une nouvelle manifestation du cynisme du gouvernement. C'est un cadeau au patronat qui, depuis des années, réclame l'augmentation des jours de travail. Alors que la canicule de cet été a révélé les défaillances de l'État, le gouvernement profite de l'émotion créée pour imposer aux travailleurs une journée de travail non payé au lieu de débloquer sur le budget de quoi remédier à l'insuffisance scandaleuse des moyens consacrés aux personnes âgées.

Rien ne garantit de surcroît que le moindre centime ira aux personnes âgées. Les plus anciens se souviennent encore de la vignette automobile, cet impôt créé en son temps au profit des personnes âgées mais dont celles-ci n'ont jamais vu la couleur!

Tout en invoquant la solidarité avec les anciens pour gruger les salariés, Raffarin n'a pas l'intention de revenir en arrière sur ses décisions réactionnaires, comme la réduction de l'allocation personnelle d'autonomie pour les personnes âgées ou la diminution des retraites. Et, à plus forte raison, il n'est pas question de revenir sur la politique qui consiste à faire des économies sur tout ce qui est service public, afin de pouvoir augmenter la part du budget qui est consacrée au grand patronat.

Les médecins urgentistes, qui ont tiré la sonnette d'alarme pour la canicule, multiplient déjà les mises en garde contre les conséquences possibles d'un hiver rigoureux.

Même en temps normal, les hôpitaux publics, les services d'urgence en particulier, travaillent à la limite de leurs possibilités. Si cet hiver les hôpitaux sont de nouveau débordés, le gouvernement nous dira qu'il n'est pas plus responsable du froid qu'il ne l'a été, cet été, de la chaleur.

Et pendant que les hôpitaux, comme les écoles des quartiers populaires, manquent de personnel et de places par manque de crédits, Chirac annonce sa détermination à procéder à une réduction de l'impôt sur le revenu qui profitera surtout aux plus riches.

On nous serine avec le déficit "record" de la Sécurité sociale pour préparer l'augmentation des cotisations des salariés et la diminution des remboursements. Mais le gouvernement multiplie les allégements de charges sociales pour les patrons, c'est-à-dire pour leurs actionnaires. C'est ainsi aussi qu'on rend de plus en plus difficile pour la population l'accès à des soins convenables.

Les gouvernements ont beau changer, ils nous ressortent le mensonge qui prétend que baisser les charges des patrons, réduire l'impôt sur les bénéfices et sur les revenus, favorise la création d'emplois. Mais le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter.

On est en train de revenir à la situation d'avant-guerre où l'embauche se faisait à la journée. Trouver un emploi, pour ceux qui n'en ont pas, c'est ne trouver qu'un emploi précaire. L'insécurité de l'emploi devient le mode de fonctionnement de l'économie. Mais la succession des plans de licenciements montre à quel point les emplois dits stables eux-mêmes se précarisent. Tout cela pèse sur le salaire et les conditions de vie de tous. Le patronat, avec l'aide ouverte du gouvernement, procède à un gigantesque hold-up sur les revenus du monde du travail.

Cela ne pourra pas continuer indéfiniment. Les élections, législatives ou présidentielle, susceptibles de changer la couleur politique du gouvernement, sont trop loin pour que faire miroiter un changement par les élections soit convaincant. Et le souvenir de la politique antiouvrière du gouvernement socialiste est trop proche pour que l'on puisse croire qu'un retour des socialistes au pouvoir atténuera les attaques contre les travailleurs.

Défendre son emploi et son droit à un salaire qui permette de vivre est une revendication commune au monde du travail. Seules des luttes collectives, des grèves, des manifestations, mettant en mouvement la majorité des travailleurs, pourront stopper les coups venant du patronat et du gouvernement.

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