Hôpital de Pontoise (Val-d'Oise) : Des économies criminelles11/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1832.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpital de Pontoise (Val-d'Oise) : Des économies criminelles

Depuis des mois, la direction de l'hôpital de Pontoise fait campagne pour nous convaincre que l'hôpital est au bord de la faillite. Fin février, elle a affirmé qu'il faudrait réduire cette année de 500000 euros les dépenses médicales et pharmaceutiques. Même quand on demandait les choses les plus insignifiantes, on se voyait systématiquement répondre qu'il n'y avait plus assez d'argent: ainsi on ne pouvait plus se payer paraît-il des sacs poubelles ou de nouvelles blouses. Pendant la canicule, la direction n'a accepté de fournir des bouteilles d'eau que du bout des doigts et à condition qu'elle soit réservée aux patients. Que nous puissions boire était -à ses yeux- un gaspillage...

Au début de l'été, la direction a annoncé qu'il manquait 15 millions d'euros pour boucler le budget 2003, cela représente environ 10% du budget de l'hôpital. Elle a pris ce prétexte pour présenter un plan d'économies qui risque d'entraîner une dégradation considérable de la qualité des soins et des conditions de travail.

Depuis le 1er septembre, le SAMU pédiatrique est fermé de minuit à 8 heures du matin. L'équipe pédiatrique est souvent le seul recours quand un nouveau-né présente une détresse vitale, juste après sa naissance dans une clinique ou un hôpital où il n'y a pas de réanimateur pédiatrique. En Ile-de-France, une équipe a déjà été supprimée à Argenteuil en 1998. La suppression de cette équipe de nuit à Pontoise aggrave une situation déjà très précaire: certains bébés ne pourront plus être sauvés.

Les ambulanciers qui participent à cette équipe venaient travailler par période de 24 heures. Ils se sont vu proposer de faire des journées de 16 heures et de rentrer chez eux à minuit ou d'aller faire du brancardage de 0 à 8 h aux urgences. Devant leur protestation, la direction a accepté qu'ils participent durant cette tranche horaire à une autre équipe du SAMU. Cela ne sera d'ailleurs pas un luxe car ils vont ainsi renforcer une équipe dans laquelle il n'y a plus d'infirmière depuis l'été. Là encore, par souci d'économie les infirmières en congé-maladie ou maternité ne sont pas remplacées et au mois de septembre il n'y a qu'une seule infirmière de nuit, au lieu de deux, prévue pour les trois équipes présentes à Pontoise. Cela signifie que le SAMU intervient très souvent sans infirmière ce qui est notoirement dangereux et même contraire à la loi quand l'intervention est lourde.

Les deux réanimations de l'hôpital sont pleines en permanence. Des lits supplémentaires ont même été construits récemment mais ils n'ont pas été ouverts par manque de personnel, c'est-à-dire par refus d'embaucher de la direction. Celle-ci a même prévu de supprimer un poste de médecin réanimateur de nuit à partir du 1er octobre. Elle a bien prévu un montage abracadabrant, mais il n'empêchera pas qu'à l'avenir la réanimation sera mal surveillée la nuit, tandis que les conditions de travail seront aggravées dans d'autres services. Les protestations du personnel de la réanimation vont obliger la direction à revoir sa copie mais elle veut toujours supprimer le poste médical afin de fermer une partie des réanimations, pourtant indispensables à l'heure actuelle.

Aux urgences également, la direction a prévu de supprimer un poste médical de nuit. Le service a pourtant été nettement débordé au moment de la canicule. Tout le monde se demande comment faire face à l'activité normale de l'automne dans ces conditions et, pire, comment faire face à une nouvelle catastrophe. On voit bien là que les discours du gouvernement sur la priorité donnée aux urgences ne sont que du bavardage.

Il manque déjà du personnel dans tous les services de l'hôpital. Depuis des années, il n'y a que de promesses que la direction n'a pas été avare, mais elle n'a jamais embauché les travailleurs nécessaires à un fonctionnement normal. Il y a plusieurs constructions nouvelles de lits et même un service, qui n'ont pas ouvert par manque de personnel. Mais en cette rentrée 2003, nous assistons à une véritable casse de ce qui existait jusque-là. La direction désorganise l'activité de l'hôpital.

Ce recul signifie clairement que des malades ne pourront pas être soignés. Cet été de nombreuses personnes âgées n'ont pas pu être hospitalisées par manque de place et sont mortes chez elles sans soins ou à cause de soins insuffisants. C'est le résultat de la politique de tous ceux qui prônent des économies dans le domaine de la santé et pour cela n'hésitent pas à supprimer des activités vitales du service public hospitalier.

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