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Leur société
Éducation nationale : Les ministres seuls satisfaits
Il n'a pas fallu bien longtemps pour constater le décalage entre la béatitude satisfaite de Luc Ferry, parlant d'une rentrée sans anicroche, et la réalité du terrain. Mais chaque année, chaque ministre de l'Éducation nationale utilise des formules similaires!
À tous les niveaux, aussi bien dans les écoles que dans les collèges ou les lycées, les jours qui ont suivi la rentrée scolaire ont été l'occasion de faire le constat des manques en personnel.
Avec la création du nouveau statut des assistants d'éducation, qui sont censés remplacer peu à peu les aides-éducateurs et les surveillants, ces manques sont particulièrement sensibles pour tout ce qui concerne l'encadrement des élèves en dehors des cours: permanences, cours de récréation et entrée des établissements, sans parler de l'aide aux devoirs pour les élèves en difficulté. Ces assistants d'éducation feront plus d'heures que les surveillants, pour gagner moins.
Mais le nombre de postes créés est bien loin de remplacer les départs. Sur l'académie de Créteil par exemple, qui couvre la banlieue parisienne, c'est-à-dire les départements de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne, 1 160 postes d'assistants d'éducation ont été créés pour remplacer 2 100 aides-éducateurs et plusieurs centaines de surveillants, qui devraient partir d'ici décembre 2003. À cela s'ajoute le fait, de l'aveu même du rectorat, que le tiers seulement de ces postes étaient pourvus le jour de la rentrée. Manifestement, le ministère a été plus prompt à se débarrasser du personnel dont il ne voulait plus, qu'à recruter pour le remplacer.
La situation n'est guère meilleure en ce qui concerne les enseignants. Toujours dans l'académie de Créteil, à la rentrée, de nombreux postes n'étaient pas pourvus, notamment en mathématiques, en sciences physiques, en sciences de la vie et de la Terre, en histoire-géographie ou dans certaines matières professionnelles. Rien n'ayant été prévu à l'avance, le rectorat recrute dans l'urgence des contractuels qui n'auront aucune garantie de l'emploi, et dont la proportion ne fait qu'augmenter. Il y en a déjà un millier, soit 200 de plus que l'an dernier à la même époque. Et dans bien d'autres domaines, les manques sont tout aussi criants: 75 postes d'assistantes sociales ou d'infirmière ne seront pas couverts et des établissements en resteront donc dépourvus toute l'année.
Cette situation catastrophique de la rentrée dans l'académie de Créteil est à l'image de ce qui existe, de façon plus ou moins marquée, à l'échelle du pays. Et ces manques sont plus sensibles encore dans les quartiers populaires. Le ministère se déclare satisfait. Mais le personnel de l'Éducation nationale, les parents et les élèves ont beaucoup moins de raisons de l'être.