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Leur société
Crédit Lyonnais : L'état paye pour les banquiers
À l'heure où le gouvernement prétend n'avoir pas d'argent pour les personnes âgées, le logement, l'enseignement, les hôpitaux, il a accepté de payer 475 millions de dollars (presque autant d'euros) à la justice américaine afin d'arrêter les poursuites judiciaires contre le Crédit Lyonnais (qui n'aura lui qu'à verser 100 millions de dollars). Le gouvernement justifie cette décision, que rien ne lui imposait, par la nécessité de garantir le maintien de la licence bancaire du Crédit Lyonnais aux États-Unis. La belle affaire pour les contribuables! En quoi sont-ils concernés par la possibilité pour cette banque, qui de plus est désormais privée, de pouvoir continuer à faire des affaires aux États-Unis? Rien. Mais qu'importe, le gouvernement piochera largement dans les impôts afin de payer l'ardoise.
Entre 1991 et 1993, le Crédit Lyonnais (alors encore banque nationalisée) avait racheté, via sa filiale Altus, la compagnie d'assurances américaine en faillite Executive Life. La loi américaine interdisant à une banque de posséder plus de 25% du capital d'une société d'assurances, le Crédit Lyonnais avait contourné cette loi en utilisant la mutuelle d'assurance MAAF comme couverture pour racheter des titres à sa place. François Pinault, une des premières fortunes françaises, était dans le coup et en était même un des principaux bénéficiaires, via une filiale de son groupe Printemps-Pinault-La Redoute.
La justice américaine avait donné jusqu'au 2 septembre pour un accord dit à l'amiable, sinon elle menaçait de procès une dizaine de dirigeants français dont les présidents successifs du Crédit Lyonnais, Jean Peyrelevade, Jean-Yves Haberer, ainsi que celui d'Altus, Jean-François Hénin et François Pinault qui, si l'on en croit le journal Le Monde "a fait le siège du gouvernement et de l'Élysée pour éviter d'être impliqué dans cette affaire". Il n'a pas eu à faire le siège bien longtemps, car l'État a joué son rôle d'assurance tout risque des patrons... et Pinault n'aurait rien à payer!
Ce cadeau supplémentaire aux capitalistes est à mettre en parallèle avec les trous dans les budgets sociaux, dont on nous rebat les oreilles. Ainsi, par exemple, l'ensemble des crédits annuels de l'État concernant la rénovation et la réhabilitation des HLM et autres logements sociaux sont inférieurs à ces 475 milliards d'euros que le gouvernement a choisi de verser pour sauver la mise à quelques financiers.