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Leur société
Baisse de l'impôt sur le revenu : Une mesure pour les riches
Tout le monde l'a dit, et le gouvernement s'en cache à peine, la décision de baisser de 3% l'impôt sur le revenu de tous les contribuables est un geste en faveur de ceux qui sont déjà des privilégiés.
D'abord parce que cette mesure ne changera rien au sort fiscal des 16 millions de personnes dont les revenus sont si faibles qu'ils ne sont même pas imposables sur le revenu. Quant aux deux millions de foyers disposant d'un revenu imposable inférieur à 15000 euros (ce qui correspond à un salaire inférieur à 1736 euros par mois), c'est à peine s'ils s'apercevront de la ristourne puisqu'elle représentera en moyenne 27 euros . En revanche, les deux millions de foyers les plus riches, ceux dont le revenu imposable est supérieur à 50000 euros (environ 5 790 euros par mois) bénéficieront, eux, d'une baisse moyenne de 415 euros. Sans parler d'hommes comme Seillière et ses semblables de la bourgeoisie, pour qui la facture fiscale sera allégée de plusieurs milliers d'euros. Le fait est que la moitié du 1,6 milliard d'euros de recette fiscale en moins -et qui se traduira par de nouvelles coupes dans les budgets des services publics- restera dans les poches des 6% les plus fortunés.
Ce n'est d'ailleurs pas le premier cadeau de ce type que le tandem Chirac-Raffarin fait à "la France d'en haut" puisque cette baisse de l'impôt sur le revenu s'ajoute à celle de 5% appliquée en 2002 et de 1% en 2003.
Raffarin et ses auxiliaires continuent à prétendre, contre l'évidence, "relancer la croissance" et "favoriser la reprise" par ce biais. Or, comme c'était à prévoir, les deux précédentes baisses n'ont en rien empêché la dégradation de la situation, en particulier celle de l'emploi.
Ces cadeaux fiscaux destinés aux plus riches non seulement creusent les inégalités mais contribuent en plus à l'aggravation de la situation. En effet, si 500 euros de plus sur le budget d'un chômeur ou d'un smicard -s'ils en bénéficiaient, ce qui est loin d'être le cas- leur permettrait d'augmenter leur consommation, pour les catégories les plus aisées l'argent supplémentaire n'est ni consommé, ni investi dans la production, mais bien souvent placé sur des comptes rémunérés, quand il ne sert pas à alimenter la spéculation boursière.
D'ailleurs, après deux années de baisse de l'impôt sur le revenu, le taux d'épargne (essentiellement l'épargne des riches) atteint un niveau record de 17% qui n'avait pas été atteint depuis vingt-cinq ans.
Par contre, pour financer ces cadeaux aux possédants, le gouvernement taille dans les investissements publics, supprime des milliers d'emplois de fonctionnaires et assimilés, et rogne par tous les bouts les revenus des classes pauvres, qui doivent diminuer leur consommation. Cela contribue à l'aggravation de la crise. Mais ce n'est pas le souci du gouvernement.