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- Lutte ouvrière n°1828
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Europipe (Joeuf – Meurthe-et-Moselle) : Les travailleurs n’acceptent pas la fermeture
Le 6 août dernier, le directeur général d'Europipe a confirmé la fermeture de l'usine de Joeuf. «Le site n'est pas compétitif, il n'est pas viable», voilà les propos qui ont provoqué la colère des ouvriers présents. Ils ont donc séquestré pendant plusieurs heures le directeur et bloquent l'usine.
Europipe est, selon la presse économique, le leader mondial du tube acier de grand diamètre. Le chiffre d'affaires dépasse le milliard d'euros et il a comme actionnaires deux grands groupes mondiaux, Mannesmann et Arcelor (le groupe sidérurgique issu de la fusion d'Usinor, Aceralia et Arbed). Autant dire que ce n'est pas une petite usine dans la gêne !
ll y a trois ans, la direction du groupe traçait d'ailleurs un avenir radieux pour l'usine de Joeuf avec une progression de l'activité de 40%. Celle-ci recevait du Conseil régional de Lorraine le premier prix de la «Qualité lorraine». Mais aujourd'hui, Europipe explique que Joeuf n'est pas viable car, entre autres, «trop éloignée du Moyen-Orient» où sont ses marchés, ce qui n'est tout de même pas une nouveauté !
Les 221 travailleurs sont donc menacés de perdre leur emploi, 172 dans la fabrication de tubes et 49 à Eupec, une filiale. Il restera moins de quatre-vingts emplois industriels dans l'agglomération de Joeuf-Homécourt, qui en comptait 12000 il y a 25 ans ! Avant que la sidérurgie ne ferme une à une ses installations et que les de Wendel aillent faire fructifier ailleurs la fortune accumulée grâce à la sueur de générations d'ouvriers et aux aides et subventions de l'État.
Le maire de Joeuf (PC) a dénoncé le fait que Europipe a obtenu 16 millions d'euros d'aides publiques pour développer le site. Il a d'ailleurs pris un arrêté -certes symbolique- interdisant le démontage et le transport des machines hors du site après que, en mai dernier, Europipe eut annoncé sa volonté de fermer l'usine de Joeuf. L'intersyndicale CGT-CGC-CFDT-CFTC a multiplié les actions. Elle pense qu'une partie des emplois peut être maintenue d'autant qu'une étude, commandée par le Comité d'entreprise, affirme que l'usine était tout à fait rentable.
Les travailleurs, eux, ne se résignent pas à une fermeture programmée, voulue, planifiée pour que quelques gros actionnaires d'Arcelor et de Mannesmann puissent grappiller quelques pourcents de profits supplémentaires.