Des IVG menacées14/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1828.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des IVG menacées

Depuis le début juin, la situation des services hospitaliers destinés à pratiquer des Interruptions Volontaires de Grossesse (IVG) est particulièrement préoccupante. Les services hospitaliers sont surchargés et les rendez-vous sont fixés pour 4 à 5 semaines plus tard, ce qui, vu la période durant laquelle cette intervention peut être légalement effectuée, peut rendre tout simplement impossibles ces opérations.

Ainsi à Marseille, l'Hôpital de la Conception ne propose aucun rendez-vous avant le 15 août. À Paris, aucune place n'est disponible avant début septembre. À Lyon, les agendas des deux plus grands hôpitaux sont pleins jusqu'à la mi-septembre. À Nantes, les animatrices du planning familial tentent de diriger les femmes vers des établissements privés.

En fait, cette situation n'est pas nouvelle, elle revient tous les étés mais chaque fois en s'accentuant un peu plus. Elle est due principalement au manque de médecins et de personnel médical dans ces services.

C'est que l'IVG est une intervention jugée peu valorisante dans la carrière d'un praticien. Les volontaires ne se bousculent donc pas (d'autant que les médecins peuvent s'abriter derrière une «clause de conscience» pour refuser de pratiquer ce type d'intervention). Cela se traduit, selon les cas, par la fermeture de services ou un fonctionnement réduit, plus particulièrement pendant les congés d'été. Sur la région parisienne, sur dix hôpitaux publics qui pratiquent normalement des IVG seuls trois fonctionnent normalement pendant la période estivale.

Une situation aggravée par le retrait des cliniques privées qui se désengagent progressivement. Les responsables invoquent la faiblesse des remboursements. L'acte d'IVG est en effet remboursé selon un forfait qui, d'après les cliniques, serait insuffisant. Celles-ci, pour des raisons de rentabilité, ferment donc leur service. Résultat: la durée d'attente pour une consultation augmente.

Et la situation est encore plus grave pour les femmes dont les soins sont pris en charge par la CMU (Couverture Maladie Universelle) car des établissements refusent ces patientes, disant que la Caisse d'Assurance Maladie les rembourse trop tard.

Du coup, il y a surcharge et les hôpitaux ne traitent que les patientes dans les dernières semaines où l'intervention est possible, ce qui empêche pratiquement de choisir entre les différentes méthodes d'IVG. Mais même ainsi, les hôpitaux et cliniques annoncent dès maintenant qu'ils ne pourront pas répondre à toutes les demandes.

Les choix politiques qui ont consisté pendant des années à privilégier les hôpitaux privés ainsi que les économies en matière de santé publique sont responsables de cette situation qui oblige les centres de planning familial à jongler avec les dates et à parer au plus pressé. C'est une entrave de fait au droit des femmes; une limitation au droit de chaque femme à refuser une grossesse non désirée.

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