Sécurité sociale : De nouvelles attaques se préparent31/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1826.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Sécurité sociale : De nouvelles attaques se préparent

Raffarin a eu beau affirmer qu'en ce qui concerne la "réforme" de la Sécurité sociale il prendrait son temps, il est clair que le gouvernement prépare de nouveaux mauvais coups à ce sujet. Après la baisse du taux de remboursement de nombreux médicaments en avril, puis le déremboursement total d'autres produits il y a huit jours, une campagne de mise en condition est engagée pour persuader le public que les personnes âgées se soignent trop, et qu'elles seraient parmi les principales responsables du déficit de la Sécurité sociale.

La direction de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie avait déjà décidé d'inciter les médecins à ne pas dépasser cinq produits par ordonnance pour les plus de soixante-dix ans. Et voilà que la Cour des comptes vient d'établir un rapport allant dans le même sens. D'après le quotidien Aujourd'hui - Le Parisien qui en publie des extraits, "en 2001, les plus de 65 ans, soit 16% de la population", consommeraient "39% des médicaments". Ce rapport affirmerait aussi que les personnes âgées "consomment de trois à quatre fois plus (de médi- caments) que les autres".

La belle affaire: il n'y a pas besoin de sortir de l'ENA, ni de faire intervenir des statistiques, pour savoir que les rhumatismes chroniques ou les maladies cardio-vasculaires augmentent avec l'âge. Mais cette manière d'enfoncer les portes ouvertes n'est pas innocente: il s'agit à la fois de culpabiliser les retraités, pour qu'ils acceptent de restreindre leur consommation, et de préparer des mesures pour les y contraindre. Et c'est évidemment les retraités les plus pauvres, ceux qui sans la Sécurité sociale n'auraient pas les moyens de se soigner, qui seront les plus touchés.

Et comme toujours cette mise en condition par la Cour des comptes se fait avec des discours hypocrites, mêlant des arguments contradictoires: c'est dans l'intérêt des malades qu'il conviendrait de leur prescrire moins de médicaments, qui seraient inactifs, qui auraient des effets secondaires gênants... et que les malades oublieraient de prendre!

On ne savait pas que les conseillers de la Cour des comptes étaient aussi des experts dans le domaine médical! Mais quand les a-t-on vus s'indigner du gaspillage sans aucune utilité pour la population que représentent les porte-avions nucléaires construits ou en projet, ou les cadeaux faits au grand patronat, sous forme de dégrèvements de charges sociales ou de subventions directes, et qui représentent bien plus que le "trou" de la Sécurité sociale? Mais c'est justement pour donner à l'État les moyens d'être encore plus généreux avec le grand patronat que ministres et hauts fonctionnaires s'attaquent aux conditions de vie de la population laborieuse.

Tous ces gens qui prétendent que la lutte des classes est dépassée la mènent de manière systématique contre les travailleurs. Les salaires sont bloqués de fait depuis des années. Le gouvernement se refuse à prendre quelque mesure que ce soit contre les licenciements collectifs. La "réforme" des retraites qui vient d'être adoptée par le Parlement marque une véritable régression sociale. L'accès aux soins médicaux devient de plus en plus difficile pour la population pauvre.

Mais si l'offensive menée par Chirac et Raffarin contre les conditions de vie des travailleurs se poursuit, le gouvernement n'est qu'à moitié sûr de lui. Les mouvements sociaux de ces derniers mois lui ont montré que la colère grandit parmi les salariés. Raffarin vient d'ailleurs d'annoncer une série de mesures concernant l'Éducation nationale, qui ne sont que des médications sans effet, des emplâtres sur une jambe de bois, comme on disait, mais qui montrent qu'il craint d'avoir à affronter de nouveau à la rentrée le mécontentement des enseignants.

Mais c'est le mécontentement de tout le monde du travail qu'il faut lui faire craindre. Ce sont les mêmes problèmes, salaires, chômage, retraites, conditions de vie, qui se posent à tous les travailleurs. Et ce n'est que la colère du monde du travail qui pourra faire reculer Chirac, Raffarin et le patronat.

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