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Israël : Le mur de la honte
Juste avant la rencontre entre le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas et le président américain George Bush, ce dernier a émis quelques réserves, bien modérées, sur la construction par l'État israélien d'un mur ceinturant les Territoires palestiniens. Du coup, le gouvernement israélien a annulé la cérémonie d'inauguration du premier tronçon de ce mur. Mais les travaux, eux, continuent.
Ce mur, dont Israël a entamé la construction en juillet 2002, représente une véritable infamie. Il s'agit d'encercler les Territoires occupés de Cisjordanie à l'intérieur d'une muraille de béton haute de huit mètres, surmontée de fil de fer barbelé et bardée de capteurs électroniques. Sa construction a pour objectif "d'assurer la sécurité" d'Israël en empêchant des "terroristes" de franchir la ligne de démarcation entre la Cisjordanie et Israël. La sécurité serait d'ailleurs dans un seul sens, puisque le mur n'empêchera ni les hélicoptères ni les missiles israéliens de venir frapper les civils palestiniens.
Le premier tronçon du mur a déjà 148 km de long. Si le projet va à son terme, il en comptera 900 à la fin du chantier. Il coupera en deux les communautés palestiniennes, en laissant par exemple les villages d'un côté, et les champs cultivés de l'autre. Israël a prévu de percer des "portes agricoles" dans le mur, pour laisser passer les cultivateurs. Ce seront de nouveaux "check-points" que l'armée israélienne pourra ouvrir ou fermer à sa convenance.
Le chantier du tronçon de mur déjà existant a détruit 84000 arbres, dont la plupart sont des oliviers dont les Palestiniens tirent une ressource essentielle. Il a aussi détruit 35000 mètres de tuyaux d'irrigation et annexé, côté israélien, 31 puits, privant les Palestiniens de quatre millions de mètres cubes d'eau par an, alors que l'accès à l'eau en Palestine est un problème crucial.
Enfin, le tracé du mur a permis à Israël, en toute illégalité même du point de vue des accords internationaux, de retracer la frontière avec la Cisjordanie. Ainsi, le mur fait un méandre de 15 km à l'intérieur de la Cisjordanie pour placer du côté israélien la colonie juive d'Ariel, où vivent 16000 colons. De toute façon, selon les organisations pacifistes israéliennes, le tracé même du mur conduira 90 à 210000 Palestiniens à être chassés de leurs terres ou de leurs villages.
Autre victime de ce mur: la population israélienne puisque, comme le dit une pétition qui a déjà recueilli des dizaines de milliers de signatures en Israël, le mur "contribuera à transformer les habitants d'Israël en gardiens de camp". Et les gardiens de prison vivent eux aussi derrière les barreaux.