Éducation : Faux-semblants pour faire avaler la même pilule31/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1826.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation : Faux-semblants pour faire avaler la même pilule

Le gouvernement se veut rassurant: la décision de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite serait abandonnée, en cette fin juillet, dans le projet de budget pour 2004. Il faut dire qu'elle avait été ressentie comme une provocation pendant les grèves du printemps.

Mais ce n'est pas pour autant que le gouvernement renonce à ses mauvais coups. Il s'apprête à faire disparaître quelque 5000 emplois de fonctionnaires, c'est-à-dire au bas mot un millier de plus qu'en 2003.

De toute évidence Raffarin souhaiterait amadouer les enseignants, qui, selon lui, ne doivent pas être "blessés par une évolution budgétaire trop brutale". Mais l'annonce de la création de 4000 postes supplémentaires d'assistants d'éducation ne peut faire oublier le licenciement des aides-éducateurs et des surveillants. Au bout du compte, même si tous les postes d'assistants d'éducation sont pourvus, ce qui n'est pas une certitude, il y aura 5600 personnes en moins pour encadrer les élèves.

De même l'enrobage volontiers doucereux de Raffarin ne peut masquer qu'il a programmé pour la rentrée 2004 la disparition d'un millier de postes administratifs, dont le travail est indispensable pour le bon fonctionnement du service public d'éducation. Cela signifie des tâches encore plus nombreuses pour ceux qui restent. Ainsi, le gouvernement persiste à s'en prendre au personnel le moins en vue et le plus mal payé, comme il l'avait déjà fait dans ses attaques contre le personnel TOSS (techniciens, ouvriers, sociaux et de service), toujours soumis à la décentralisation.

Quant aux postes d'enseignants, c'est zéro création. Plus exactement, 1500 postes sont supprimés dans le secondaire, où les effectifs à 35 élèves et plus par classe subsisteront, et 1500 enseignants seront recrutés dans le primaire, où la situation est de toute façon fort peu brillante.

C'est d'ailleurs dans les écoles, où le nombre d'élèves augmente, qu'étaient affectés jusqu'à présent les deux tiers des emplois-jeunes de l'Éducation nationale (soit 14000 personnes). Ils assumaient de vraies fonctions et avaient tissé des liens utiles avec les équipes pédagogiques et les enfants. Avec leur disparition décidée par le gouvernement et leur remplacement par des assistants d'éducation -aux fonctions non définies mais qui n'en restent pas moins des emplois précaires, dont la durée ne pourra excéder trois ans, renouvelables une fois, payés au prorata du Smic-, la rentrée dans les écoles primaires ne peut que s'en trouver pour le moins sérieusement désorganisée, voire aggravée.

En continuant à prendre les travailleurs de la fonction publique pour des gogos qui pourraient se laisser abuser par ses méthodes de bonimenteur, le gouvernement renforce l'envie de lui faire ravaler ses sales coups et son mépris.

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