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Dans notre courrier : À propos de l'incendie du Reichstag
Nous avons reçu d'un lecteur une lettre se proposant de "rectifier une version erronée de l'histoire de l'incendiaire du Reichstag, Marinus Van der Lubbe, que le rédacteur de l'article - ignorant sans doute le caractère calomnieux de la thèse d'origine stalinienne sur la prétendue collusion entre l'incendiaire et les nazis - présentait comme "un chômeur hollandais, prétendument sympathisant du Parti Communiste allemand: en fait un illuminé manipulé par les nazis"!
Après 70 ans de calomnies staliniennes, tant répétées qu'elles sont devenues une version de l'histoire acceptée jusque dans une partie de l'extrême gauche, il me semblait qu'un rectificatif s'imposait dans le journal, même très bref, quitte à renvoyer le lecteur intéressé à la lecture du récent ouvrage de Charles Reeve et Yves Pagès, Carnets de route de l'incendiaire du Reichstag, et autres écrits."
La lettre de notre correspondant appelle plusieurs remarques:
La première (pour information), c'est que Charles Reeve et Yves Pagès ont eu l'occasion de présenter leur ouvrage à la fête de Lutte Ouvrière, le samedi 7 juin, lors d'un forum qu'ils animaient.
La seconde, c'est que si la calomnie a été une arme abondamment utilisée par les staliniens en ces années-là, et pendant des décennies encore, il n'est même pas besoin de recourir à cette explication pour comprendre comment la personne et l'acte de Marinus Van der Lubbe aient pu être jugés ainsi à l'époque. Que Van der Lubbe ait été manipulé par les nazis, ou que Goering ait sauté sur l'occasion que l'incendie du Reichstag lui offrait pour déchaîner la répression contre le mouvement ouvrier, importe finalement assez peu dans le déroulement de l'histoire ; et, pour bien des militants de l'époque, l'incendie du Reichstag a réellement dû apparaître pour le moins comme un geste idiot. Van der Lubbe n'est certes pas responsable de la répression accrue qui s'abattit sur le Parti Communiste, puis sur le Parti Socialiste, au lendemain de l'incendie du Reichstag. De toute manière, d'une façon ou d'une autre, celle-ci aurait eu lieu. Il n'a fait qu'offrir un prétexte aux nazis. Car le propre des actes individuels de cette sorte, au-delà des intentions de leurs auteurs, c'est justement qu'ils peuvent donner lieu à toutes les provocations.
La troisième, c'est que si Marinus Van der Lubbe a été incontestablement une victime des nazis, qui le firent décapiter, essayer d'en faire aujourd'hui, comme certains s'y sont essayés, un héros de la classe ouvrière, c'est défendre une mauvaise politique.