Argentine : L'huissier des entreprises françaises présente la note31/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1826.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : L'huissier des entreprises françaises présente la note

Lors d'un voyage en Argentine, le ministre de l'Économie et des Finances, Francis Mer, s'est fait l'avocat des sociétés françaises qui, depuis une dizaine d'années, se sont partagé avec d'autres entreprises européennes les services publics du pays. Il est venu faire pression sur le gouvernement argentin pour qu'il mette fin au gel des tarifs et qu'il accepte de très lourdes augmentations pour l'eau, l'électricité, le gaz et le téléphone.

"Si Francis Mer vient en Argentine uniquement pour parler des tarifs des services publics, nous ne le recevrons pas", aurait déclaré un ministre argentin. Paroles en l'air car, si le représentant d'une puissance impérialiste a fait le déplacement, c'est bel et bien pour rappeler au gouvernement argentin, présidé par Nestor Kirchner, qu'il est là pour défendre les intérêts des possédants, parmi lesquels les sociétés françaises Suez-Lyonnaise des Eaux, Total, France Télécom, EDF ou Vivendi.

En Argentine, les principaux services publics sont passés, dans les années quatre-vingt-dix, sous la coupe de multinationales, espagnoles et françaises notamment. Le gouvernement Menem avait alors fait le choix de brader les entreprises publiques, pour satisfaire les banquiers qui pompaient les richesses du pays par le canal de la dette. Il n'était évidemment pas question de faire payer les principaux bénéficiaires du système, en l'occurrence les classes possédantes.

Suez-Lyonnaise des Eaux, par exemple, est devenu le propriétaire principal de Aguas Argentinas, qu'il partage avec Vivendi et une société espagnole. En faisant main basse sur le réseau d'eau et d'assainissement pour une durée de trente ans, ils avaient promis de l'étendre et de le rénover. En pratique, les tarifs ont augmenté de plus de 50% entre 1994 et 2000, tandis que les travaux réellement effectués n'ont représenté que la moitié de la prévision. Autant dire que le résultat a été surtout bon pour... les actionnaires.

La crise économique, qui a frappé la population, n'a pas réduit les exigences des sociétés françaises, mais les conditions sont devenues plus difficiles. De nombreux ménages ont réduit leur consommation ou ne payent plus leurs factures. Quand le gouvernement argentin a gelé les tarifs publics, la Lyonnaise et EDF ont déposé une plainte auprès d'un tribunal international. Elles demandent au gouvernement argentin de faire payer encore plus la population. Le chiffre de 65% d'augmentation est avancé.

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