Altadis (ex-Seita) : Encore des licenciements dans une entreprise qui fait des profits31/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1826.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Altadis (ex-Seita) : Encore des licenciements dans une entreprise qui fait des profits

Malgré la bonne santé financière du groupe Altadis, la direction générale vient d'annoncer un vaste plan de restructuration, en prétextant "la nécessité de préserver la compétitivité". Elle met aussi en avant la baisse de consommation de tabac brun pour justifier la suppression de 1276 emplois, 743 en Espagne et 533 en France.

Trois usines devraient fermer en Espagne et une usine en France, celle de Lille qui compte 456 personnes, avec en plus les 85 salariés de la direction régionale de la distribution.

Les usines de Morlaix (Côtes-d'Armor) et de Tonneins (Lot-et-Garonne) subiraient une fois de plus des licenciements.

Le groupe industriel de tabac et cigarettes Altadis est né de la fusion de l'entreprise française Seita et de l'espagnole Tabacalera. Il emploie à ce jour près de 21000 personnes, principalement en Europe, il a réalisé en 2002 un chiffre d'affaires de plus de trois milliards d'euros, avec un bénéfice de 435 millions d'euros!

À Lille, l'annonce de la fermeture a été reçue par les salariés comme un coup de massue sur la tête. Personne ne s'y attendait. Bien sûr, la direction parlait de la baisse des ventes des cigarettes brunes mais, ces dernières années, de nouvelles machines très performantes avaient été installées et, depuis 2001, 130 embauches avaient été faites. Encore récemment, il y avait des annonces dans les journaux pour des offres d'emplois d'opérateurs. De nombreux salariés avaient même démissionné de leur entreprise pour rejoindre la "Seita" et travailler en équipe avec un salaire d'environ 1 500 euros net par mois. La direction assurait que l'entreprise en avait encore pour "30 ans".

Aussitôt connue l'annonce de la fermeture, des assemblées avec prises de parole des délégués syndicaux se sont tenues. Mais, vu la période, de nombreux salariés ont appris la nouvelle sur leur lieu de travail. Après la stupeur et l'abattement, bien des travailleurs ont exprimé leur révolte contre les patrons qui licencient et ferment des usines alors qu'elles font des bénéfices. Plusieurs ouvriers ont déjà vécu cette dramatique situation, notamment des nouveaux embauchés, dont certains avaient été licenciés en 2001 de l'usine Lever d'Haubourdin. D'ailleurs des salariés ex-Lever, maintenant Coventry, eux aussi en liquidation judiciaire, sont venus apporter leur soutien aux salariés d'Altadis.

Samedi 26 juillet, alors que les ouvriers de Coventry distribuaient devant l'usine d'Haubourdin 15000 paquets de lessive, des ouvriers d'Altadis ont participé à cette manifestation, avec des vendeuses de Cora, des licenciés de Siemens et des intermittents du spectacle. Beaucoup expriment en effet la nécessité de regrouper les entreprises touchées par les licenciements afin d'agir tous ensemble contre le patronat et le gouvernement.

Rien que dans la région Nord-Pas-de-Calais, plus de 4000 suppressions d'emplois sont en cours depuis le début de l'année. Et, tous les jours, de nouvelles suppressions d'emplois sont annoncées. Des milliers de travailleurs pour engager la lutte, tous ensemble, afin de ne pas être sacrifiés sur l'autel du profit, c'est le seul moyen d'empêcher les patrons de jouer avec nos vies, à Altadis et partout ailleurs.

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