Retraites - La loi Fillon adoptée : Il va falloir défaire ce qu’ils ont fait !25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites - La loi Fillon adoptée : Il va falloir défaire ce qu’ils ont fait !

Après que l'Assemblée nationale a adopté la "réforme" des retraites, c'est au tour du Sénat de l'avoir votée vendredi 18 juillet sous les applaudissements des représentants de la droite...

Autant que sur le fond, c'est à la forme maintenant que beaucoup apportent leurs louanges, comme le journal pro-patronal Les Echos qui écrit : "Chirac a fait du dialogue et de la concertation les clefs de sa méthode pour réformer". Et plus loin: "Le succès sur les retraites ? C'est grâce au dialogue réussi pour la première fois".

"Dialogue réussi", vraiment ? Exit les manifestations et les grèves du printemps dernier, ne compte aux yeux de tous ces laudateurs du gouvernement que la signature de quelques syndicats dont les directions sont tout aussi sourdes aux aspirations populaires que peuvent l'être les initiateurs de cette prétendue réforme, qui est une profonde régression sociale amputant les moyens de vivre des travailleurs.

Régression après régression

En 1993, Balladur avait imposé aux salariés du privé un allongement progressif de la durée des cotisations de 37,5 à 40 ans et un taux de pension calculé lui aussi progressivement non plus sur les dix mais sur les vingt-cinq meilleures années avec comme objectif évident et réussi de faire baisser le montant des pensions versées.

Aujourd'hui, la réforme Fillon impose aux salariés de l'Etat, des collectivités locales et au personnel hospitalier 40 ans de cotisations pour avoir droit à une retraite pleine. Au lieu de revenir aux 37,5 ans de cotisations pour tous, l'alignement s'est fait par le bas. Dans un deuxième temps les travailleurs du public et du privé verront leur temps de cotisations encore augmenter: 41 ans en 2012, 42 ans en 2020.

Le gouvernement et le patronat réclament que les travailleurs cotisent plus longtemps pour avoir droit à une retraite pleine mais comment peuvent-ils cotiser plus longtemps alors qu'âgés de 50 ans, et parfois moins, de nombreux travailleurs sont licenciés sans espoir de retrouver du travail ou que, jeunes, ils galèrent de boulots précaires en périodes de chômage ?

En réalité, le but de toute cette politique est moins de faire travailler plus longtemps que de réduire les pensions versées.

Le progrès à sens unique

Pour tenter de convaincre de la justesse de leur "réforme", sans pour autant y parvenir auprès des travailleurs qui en seront victimes, le gouvernement a menti effrontément, inventant un important déficit pour dans vingt ou trente ans, ceci afin de faire accepter par avance des sacrifices aux salariés, alors que lui-même est incapable de prévoir la marche de son économie à très brève échéance.

L'espérance de vie s'allonge, les retraités vivent plus longtemps, il y a de moins en moins d'actifs pour payer les pensions des anciens. Et alors ! Vivre plus vieux, travailler moins, n'est-ce pas là un aspect du progrès ? De toute façon les travailleurs produisent toujours plus de richesses. Pour une heure de travail, dix fois plus de richesses sont produites aujourd'hui qu'il y a cinquante ans. C'est l'augmentation de la productivité.

Pour cette raison, les richesses produites par les travailleurs en activité, même s'ils sont moins nombreux, sont plus que suffisantes pour faire vivre correctement tous les retraités.

Seulement, dans ce monde l'accroissement des richesses n'est pas utilisé au bénéfice de tous, mais il sert avant tout à enrichir ceux qui sont déjà riches. Et là est le vrai problème.

Des caisses excédentaires

Aujourd'hui, les principales caisses de retraite des salariés sont excédentaires et elles le seraient encore plus si les salaires étaient plus élevés et s'il n'y avait pas 2,4 millions de chômeurs officiellement recensés et des millions d'autres qui vivent de petits boulots intermittents.

Et puis, ils ont tout de même un sacré culot tous ces ministres et ceux qui les suivent de toujours mettre en avant le nombre insuffisant d'actifs, alors qu'ils laissent les patrons licencier à leur guise et qu'eux-mêmes proposent de ne pas remplacer la moitié des salariés de l'Etat qui partent à la retraite.

La main de l'Etat dans les caisses des salariés

Des transferts considérables ont lieu au détriment des principales caisses de salariés du public et du privé. Les gouvernements se sont toujours arrangés pour faire payer par les caisses des salariés des dépenses qui leur incombaient.

C'est ainsi que chaque année, des milliards d'euros sont prélevés dans les caisses des salariés au profit des caisses de non-salariés. Actuellement la caisse des fonctionnaires des collectivités locales verse plus d'argent à des régimes non salariés qu'elle ne paye de pensions à ses propres retraités.

Malgré ces ponctions, la caisse du régime général reste excédentaire, mais cet excédent ne sert pas pour les retraites, il est versé à un Fonds de solidarité vieillesse, dont l'Etat se sert pour régler ses propres dépenses, par exemple ses dettes aux caisses de retraite complémentaires ou les prestations du minimum vieillesse servies essentiellement à ceux qui n'ont jamais cotisé.

L'Etat demande donc aux seuls salariés d'assurer des dépenses de solidarité qu'il devrait lui-même supporter.

Deux poids deux mesures

Si le gouvernement puise sans vergogne dans les caisses des salariés, vis-à-vis du patronat il est aux petits soins. Non seulement aucun sacrifice ne lui est demandé mais il bénéficie au contraire d'exonérations de cotisations sociales patronales considérables. Elles atteignent chaque année un montant qui dépasse largement le déficit annoncé pour dans vingt ans de la principale caisse de retraite des salariés, celle du régime général.

Si un jour il y avait réellement un problème pour financer les retraites, la première des choses serait que l'Etat et le patronat payent ce qu'ils doivent et arrêtent de se servir dans les caisses.

Au patronat de payer

Les travailleurs produisent infiniment plus qu'ils ne consomment. C'est leur travail qui fait vivre toute la société, y compris les exploiteurs et les parasites de toutes sortes. Ce sont les travailleurs encore qui payent pour le gaspillage inouï engendré par le système de production capitaliste. Alors, ce serait la moindre des choses que les travailleurs aient tous un salaire correct et, après une vie de travail, une retraite qui le soit tout autant.

C'est pourquoi il faudra défaire ce qui vient d'être fait et revenir aux 37,5 ans de cotisations pour tous et au droit à une retraite complète à soixante ans.

La loi Fillon-Raffarin est une loi faite contre les travailleurs. Les travailleurs peuvent la faire abroger. Ils en auraient mille fois le droit.

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