Intermittents du spectacle : La lutte continue25/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1825.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Intermittents du spectacle : La lutte continue

Chaque jour, ce sont de nouveaux festivals qui sont annulés ou perturbés par les actions des grévistes. Et si Chirac et madame ont pu assister sereinement au concert de Johnny Halliday donné en Corrèze, ce n'est que grâce à la protection de plusieurs centaines de policiers et CRS.

Comme d'habitude, gouvernement et patronat cherchent à faire passer les intermittents pour des privilégiés... ce que l'immense majorité d'entre eux sont bien loin d'être. Selon les chiffres de la Caisse des congés spectacle, le revenu moyen des salariés indemnisés sous le régime de l'intermittence est de 638 euros par mois (4185 F) ! Mais cela, c'est encore trop pour le patronat.

La lutte des intermittents du spectacle est totalement légitime. Elle permet en outre de rappeler à ceux qui en doutaient que derrière les feux de la rampe, il y a des milliers de travailleurs de l'ombre sans lesquels le spectacle ne peut pas continuer...

Nous publions ci-après le témoignage d'un intermittent membre de la coordination, qui rapporte une des nombreuses facettes de leur lutte.

"Lors de nos assemblées générales, des rendez-vous sont pris pour mener à bien nos actions et maintenir la pression afin que nos revendications soient satisfaites.

Par exemple, un matin, nous nous sommes retrouvés à une trentaine, comédiens, musiciens, échassiers, pour tourner en cachette, et avant que les techniciens n'arrivent, notre propre film, dans les décors de l'Elysée, reconstitué à Saint-Ouen pour le tournage de "San-Antonio".

Sur place, les vigiles nous ont un peu mis des bâtons dans les roues, mais lorsque les techniciens sont arrivés, ils nous ont proposé de venir discuter avec eux sur les marches de "leur" palais de l'Elysée.

Les techniciennes et techniciens et les intermittents venus les rencontrer ont tourné un petit film: une fausse allocution du 14 juillet, avec un faux président, dans un faux palais de l'Elysée, pour demander le rejet de l'accord qui est si défavorable aux intermittents, parce qu'il jetterait immédiatement entre 30 et 50% d'entre eux à la porte de leur métier, avec pour seule ressource le RMI tout en continuant à travailler !

Puis, une assemblée générale commune s'est tenue. Du côté des techniciens, personne n'était très convaincu au début qu'il est possible de faire grève. Les conditions sont difficiles, et de la part de la production, il y a une sorte de chantage à la passion du métier.

Mais à force de parler entre nous de toutes les conséquences désastreuses qu'aurait cet accord, y compris pour les techniciens du film qui pour l'instant travaillent beaucoup et se sentent un peu protégés, tout le monde commençait à se dire que si les producteurs étaient vraiment "solidaires" des intermittents, ils feraient mieux d'utiliser leur influence et leurs talents de persuasion pour que cet accord ne soit pas agréé par le gouvernement, plutôt que de nous demander de ne pas faire grève.

Nos collègues ont finalement décidé de se réunir entre eux pour discuter d'un préavis de grève. Nous les avons quittés en les invitant à nous rejoindre aux assemblées générales qui ont lieu tous les jours.

Le soir même, présents à l'assemblée générale, ils nous ont appris qu'ils se sont finalement mis en grève immédiatement après notre départ..."

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