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- Lutte ouvrière n°1825
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Leur société
Baisse de la TVA pour les restaurateurs : Du beurre dans leurs épinards
Cela faisait des années que les restaurateurs français réclamaient l'abaissement du taux de TVA dans leur branche de 19,6 % à 5,5 %. C'est aujourd'hui chose presque faite, puisque les ministres français ont convaincu la Commission européenne d'entériner cette baisse.
Cela représente un cadeau fiscal non négligeable pour les patrons, petits et grands, de ce secteur : un restaurateur qui réalise un chiffre d'affaires de 260 000 euros par an économisera quelque 30 000 euros. Quant au manque à gagner pour l'Etat, il sera de 2 à 5 milliards d'euros. Dans cette période où les ministres chantent sur tous les airs que la rigueur budgétaire est de mise, cela peut surprendre. Sauf que les commerçants forment une bonne part de la clientèle électorale de l'UMP, que les élections régionales et européennes approchent, et que les petits cadeaux font les bons amis.
Les représentants des syndicats patronaux de la restauration admettent qu'ils pourront peut-être gagner un peu plus d'argent, d'autant disent-ils qu'aujourd'hui leurs marges sont "extrêmement ridicules". Mais les raisons de leur satisfaction ne sont pas là. A les entendre, ce qui les motiverait, c'est la création d'emplois que la baisse de la TVA permettra, et le fait que l'addition pour les consommateurs sera moins douloureuse.
Concernant l'addition en baisse pour les clients, des associations de consommateurs ont d'ores et déjà calculé que pour les restaurants fréquentés par les clients les moins fortunés, ceux où les convives paient entre 10 et 15 euros, la différence se montera à quelques dizaines de centimes. En revanche, à la Tour d'Argent ou chez Taillevent, lieux assez peu fréquentés par les smicards et où l'addition peut atteindre un montant invraisemblable pour un repas, la différence sera beaucoup plus intéressante.
Quant à "créer de l'emploi", le mot magique est lancé, celui qui justifie par avance tous les cadeaux faits au patronat. Les organisations patronales parlent de "40 000 ou 45 000 emplois qui seront créés automatiquement". Un cabinet d'analyse, plus modestement déjà, parle de 10 000 à 12 000 au maximum. Mais bien évidemment et comme toujours, aucune contrainte ne sera imposée aux restaurateurs pour aller dans ce sens.