Papon récupère sa retraite...18/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1824.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Papon récupère sa retraite...

Le Conseil d'Etat a rétabli les droits à pension de Maurice Papon.

Ces droits lui avaient été retirés en octobre 1999 après qu'il a été jugé, puis condamné, à dix ans de réclusion pour complicité de crimes contre l'humanité. Haut fonctionnaire du régime de Vichy pendant la guerre, il avait été reconnu responsable de la déportation de milliers de Juifs vers le camp de Drancy, qui préludait aux camps de la mort. Depuis, sa peine a été révisée et il s'est vu offrir une libération anticipée de prison, sous prétexte que son état de santé ne permettait pas son maintien en cellule. Et tout le monde a pu, ensuite, observer la vitalité de ce sinistre vieillard...

D'après le Conseil d'Etat, le Code pénal ne précise pas quelles sont les peines dites "afflictives et infamantes" qui suspendent des droits à pension. D'où la décision de justice de rétablir les droits de Papon, soi-disant retirés "à tort" lors de sa réclusion. De manière rétroactive, de surcroît, et assortis "des intérêts légaux". Autrement dit, Papon touchera de nouveau sa pension, plus des arriérés, plus les intérêts sur ceux-ci. Sauf si les victimes parviennent à obtenir la saisie de cette pension conformément à un texte adopté récemment par l'Assemblée nationale.

En tout cas, dans la balance de la justice, toutes les victimes ne pèsent pas autant qu'un Maurice Papon qui, faut-il le rappeler, a exercé quasiment sans discontinuer des fonctions au plus haut degré de l'Etat: secrétaire général de la préfecture de la Gironde de 1942 à 1944 sous le régime de Vichy; préfet de police de Paris de 1958 à 1967, où il donna l'ordre de réprimer avec la plus grande sauvagerie la manifestation du FLN du 17 octobre 1961 à Paris, faisant des centaines de morts; député de droite de 1968 à 1978 et enfin ministre du Budget de 1978 à 1981.

Cette décision de rétablir Papon dans ses droits à recevoir sa pension est tout un symbole : celui d'une justice qui sait reconnaître les siens et d'un Etat qui ne craint pas de protéger ceux qui ont du sang sur les mains pour l'avoir servi.

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