Irak : Premiers pas d’un gouvernement fantoche18/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1824.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Premiers pas d’un gouvernement fantoche

Un conseil de gouvernement provisoire "transitoire" vient d'être proclamé en Irak. Autoproclamé, car il ne résulte d'aucune élection. Simplement, les forces américaines d'occupation ont, après de laborieuses négociations, réussi à mettre sur pied un organisme prétendument représentatif des différentes forces en présence en Irak: tant de membres pour les chiites, tant pour les sunnites, tant pour les Kurdes, etc., avec même quelques femmes.

Ce gouvernement est une mascarade. Il représente peut-être certaines forces en présence, mais pas la population. Et bien qu'il ait, en théorie, des pouvoirs exécutifs, il ne peut prendre aucune décision qui serait rejetée par les occupants américains, qui ont le droit de veto. Gouvernement fantoche donc, non seulement en fait, mais clairement en droit.

Aussitôt désigné le nouveau gouvernement a pris un certain nombre de mesures afin de prouver son existence. Ainsi il a proclamé qu'à partir de dorénavant le 9 avril serait le jour de la fête nationale. Cette date, censée marquer la chute du régime de Saddam Hussein, est en fait celle de l'entrée des troupes américaines dans Bagdad. Le jour de la nouvelle fête nationale coïncide donc avec l'occupation de la capitale par l'armée ennemie. Si c'est par de telles mesures que le gouvernement compte gagner les coeurs de la population, c'est plutôt mal parti !

Une autre mesure consista à envoyer une représentation auprès du Conseil de Sécurité de l'ONU. Etant donné le rôle dérisoire qu'a joué l'ONU dans l'invasion de l'Irak, on appréciera ce qu'avait d'urgent l'envoi de cette représentation. Il est vrai qu'étant de plus en plus englués en Irak, il n'est pas impossible que les Etats-Unis demandent à l'ONU de prendre le relais.

Pratiquement chaque jour, au moins un attentat est perpétré contre les troupes américaines. Cela confirme que le rejet anti-américain de la population irakienne ne faiblit pas, comme en témoignent les Irakiens interrogés par les journalistes.

En tournée en Afrique G.W. Bush s'est dit "préoccupé" par la sécurité du contingent américain en Irak. Ce qui doit le préoccuper c'est que les élections se rapprochent aux Etats-Unis, et que l'invasion de l'Irak qui a aidé à la popularité de Bush risque de se retourner contre lui.

Le régime actuel, ce pseudo pouvoir qui s'appuie sur une armée d'occupation, n'a ni légitimité ni assise populaire. Soit il s'incline devant les occupants et sera de plus en plus honni par la population, soit il montre des velléités de résistance envers les américains et il devra se soumettre.

Les dirigeants américains étaient censés, après avoir fait tomber la dictature de Saddam Hussein, apprendre la démocratie aux Irakiens. Pour le moment, la leçon, c'est qu'une dictature a chassé l'autre, et que le sort de la population a empiré.

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