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Leur société
Education Nationale : Droit de vote et hypocrisie
Le gouvernement a décidé que, dès la rentrée de septembre, 20000 postes d'aides éducateurs et de surveillants seront remplacés par 16000 postes d'assistants d'éducation, ce qui fait 4000 emplois supprimés. Les surveillants seront progressivement remplacés par les assistants d'éducation dont les conditions de travail seront encore moins favorables à une poursuite des études: davantage d'heures de présence pour un salaire réduit au Smic. Belle économie sur le dos du personnel de l'Education Nationale ! Ajoutons à cela que le recrutement est laissé à la seule appréciation des chefs d'établissements.
A la mi-juin, afin de mettre en oeuvre le recrutement de ces assistants d'éducation, le gouvernement a voulu les mettre en place de toute urgence, à peine la grève terminée. Les conseils d'administration de tous les collèges et lycées ont dû voter. En effet, l'introduction d'un statut de droit privé au sein des établissements d'enseignement ou la signature d'un contrat est conditionné, depuis 1985, par un vote favorable du Conseil d'administration (embauche de personnels en contrats CES, utilisation des locaux par une association locale, prêt des installations sportives, etc.).
En Gironde, nombre de collègues enseignants et conseillers principaux d'éducation, membres des conseils d'administration, ont décidé de voter contre cette demande d'autorisation. Ils étaient suivis en cela par les parents d'élèves FCPE et soutenus par un mot d'ordre du SNES. 10% environ des CA des établissements scolaires de l'Académie de Bordeaux se sont prononcés contre, mettant en avant qu'ils ne voulaient pas entériner une loi contre laquelle ils s'étaient battus et se faire les complices de la détérioration du service public de l'Education Nationale.
La réaction du Recteur ne s'est pas fait attendre: "... si le conseil ne donne pas d'autorisation, le recrutement des assistants d'éducation n'aura pas lieu... Il appartient au chef d'établissement de présenter à nouveau au conseil d'administration la demande d'autorisation en rappelant si nécessaire l'absence de toute solution alternative et en précisant les conséquences de ce vote sur la vie de l'établissement, notamment sur le plan de la sécurité". Ces extraits de la note du Recteur de l'Académie de Bordeaux en date du 27 juin 2003 sont édifiants: nous avons le droit de vote, mais gare à bien voter !
Cette grossière tentative d'intimidation a eu pour conséquence la démission et l'absence des membres dans certains CA. Et il a fallu jusqu'à trois conseils d'administration pour que le rectorat parvienne à ses fins dans certains établissements, où le quorum n'avait pas pu être atteint du fait de ces démissions. Le vote final a donc eu lieu, "au troisième tour" à la majorité... d'une minorité de présents !
Si pour l'instant nous n'avons pas pu faire reculer le gouvernement, nous sommes quelques-uns, encore nombreux, à refuser de baisser les bras !