ACMC Cherbourg (50) : - Les salariés ne se laissent pas faire18/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1824.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ACMC Cherbourg (50) : - Les salariés ne se laissent pas faire

Les Ateliers de Chaudronnerie et de Mécanique du Cotentin (ACMC) sont une entreprise sous-traitante de l'arsenal de Cherbourg. Elle appartient à un grand groupe de construction navale, Leroux et Lotz, et vient d'être mise en liquidation judiciaire, prélude à une fermeture définitive.

ACMC a été créé en 1999, juste après le dépôt de bilan de Leroux et Lotz Normandie, l'ancienne filiale cherbourgeoise du groupe. Celui-ci a alors touché d'importantes subventions publiques au nom de l'aide à l'emploi, qu'il s'agisse de fonds européens ou du dispositif de la loi Aubry sur les 35 heures. En fait, seuls 52 salariés de Leroux et Lotz Normandie sur 160 ont été repris chez ACMC. Ils ont dû accepter des baisses de salaire atteignant 25% de la paie pour certains, de travailler avec des machines obsolètes et de faire 4500 heures supplémentaires pour la seule année 2002. Une grève d'une semaine en septembre 2001 avait d'ailleurs permis aux travailleurs de récupérer une partie de ce que leur patron leur avait extorqué.

Depuis plusieurs mois déjà, ACMC était placé sous la tutelle d'un administrateur judiciaire, et la fermeture apparaissait inévitable. Le patron a annoncé que les salaires de juin ne seraient payés qu'à moitié, attisant la colère des salariés. Mercredi 2 juillet, ils étaient tous en grève. Ils ont décidé de revendiquer 8000 euros de prime de préjudice pour les sacrifices salariaux consentis pendant quatre ans, en plus des indemnités légales. La direction étant comme par hasard absente ce jour-là, ses bureaux ont été déménagés à l'extérieur. Le soir même, il n'était plus question de retenues sur le salaire de juin.

Mais les travailleurs d'ACMC n'en sont pas restés là. Mardi 8 juillet, une quarantaine d'entre eux se sont déplacés au siège du groupe à Nantes. En guise de comité d'accueil, des vigiles dotés de chiens bloquaient les entrées. Il faut dire que les précédentes descentes des salariés d'ACMC à Nantes ont laissé des traces. Les travailleurs du site nantais, eux, n'étaient pas mécontents de la visite et ont encouragé leurs camarades cherbourgeois. Ceux-ci ont fini par entrer par un trou dans le grillage. Le PDG a alors accepté de recevoir les délégués syndicaux. Auprès d'eux, il prétextait que la loi l'obligeait à payer les créanciers avant de débourser le moindre centime pour les travailleurs. Comme si ces derniers n'étaient pas des créanciers au même titre que les autres ! Mis au courant, ils ont envahi les bureaux, à la suite de quoi la direction s'est engagée à verser 2300 euros à chacun. À la sortie de l'entreprise étaient stationnés une centaine de CRS, ce qui faisait quand même près de trois flics pour un travailleur !

Certes, les salariés d'ACMC sont loin d'avoir obtenu ce qu'ils voulaient, mais ils sont bien conscients que sans leur mobilisation, ils n'auraient rien obtenu du tout.

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