Les valeurs chrétiennes dans la future Constitution européenne : Une nouvelle croisade conforme à cette société pourrie !11/07/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/07/une1823.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les valeurs chrétiennes dans la future Constitution européenne : Une nouvelle croisade conforme à cette société pourrie !

L'Europe planche en ce moment sur un projet de Constitution et il est notamment question, dans les différents débats qui l'agitent, de transformer l'article qui porte sur les "valeurs" de l'Union européenne. Valeurs morales, s'entend.

Jean-Paul II a d'ailleurs pris part au débat. Pour lui, nous vivons une "époque d'égarement". La cause en est que "l'oubli de Dieu conduit à l'abandon de l'homme." Ainsi conclut-il dans un document sur l'Europe qu'il a rendu public: "Europe, ouvre les portes au Christ! Sois toi-même. Redécouvre tes origines. Revis tes racines."

On aurait pu penser que l'affaire en resterait là. Que Jean-Paul II prêche pour sa paroisse. C'est son boulot, après tout! Mais le pape a fait des émules au sein de la Convention européenne, qui viennent réclamer que la future Constitution européenne fasse référence aux valeurs chrétiennes qui seraient "un fondement" de l'Europe et auraient marqué deux millénaires de son histoire.

Ainsi Zjozef Olesky, ex-Premier ministre polonais et observateur à la Convention, a déclaré qu'"on ne peut pas fuir devant la question des racines chrétiennes de l'Europe, les valeurs, l'importance de la foi et les motivations religieuses", propos soutenus par Leczek Miller, le Premier ministre polonais, dirigeant de la... gauche démocratique! La Pologne, le plus grand pays candidat à rejoindre l'Union européenne en 2004, a décidé que la future Constitution européenne devait intégrer la référence et entend ainsi mener le combat jusqu'à la victoire. Dans cette croisade, elle a été rejointe par la Lituanie et la République tchèque et aussi par le Parti populaire européen, un des plus importants groupes politiques au Parlement européen, qui rassemble la plupart des partis de la droite européenne, dont l'UMP en France.

Pour le moment, il semblerait que Giscard d'Estaing, qui préside la Convention, n'ait pas donné son accord. Mais on s'orienterait vers une sorte de compromis, selon lequel la future Constitution européenne contiendrait une référence à l'"apport des religions."

De quel apport s'agit-il? La Convention européenne rappellera-t-elle le rôle que l'Eglise a mené sous l'Inquisition? La persécution dont furent victimes en son nom tout ce que l'Europe comptait de progressistes, depuis les scientifiques, découvreurs des lois qui régissent le monde réel, et qui allaient bouleverser toutes les connaissances, jusqu'à ceux qui, poussant la logique de leurs recherches jusqu'au bout, osèrent mettre en question l'existence de Dieu? Dans les fameuses traditions défendues par l'Église catholique, la Convention européenne indiquera-t-elle celles de l'obscurantisme et de l'intolérance qui au XVIe siècle conduisirent au bûcher Giordano Bruno parce qu'il avait émis l'hypothèse d'un monde infini, récusant ainsi les conceptions de l'Église, fondées sur la référence à la Bible? Rappellera-t-elle la tentative d'excommunication dont Galilée fut l'objet, parce qu'il avait démontré que la terre tournait autour d'elle-même et autour du soleil, ce qui réfutait les théories inculquées alors par l'Eglise? Sans compter tous ceux que celle-ci traita d'hérétiques, dont elle ordonna de brûler les livres, qu'elle condamna à mort, eux et leurs éditeurs, pour avoir seulement fait connaître un autre point de vue que le sien?

La morale, l'éthique, dont les gens d'Eglise et les hommes politiques défendent aujourd'hui les "valeurs" ont en réalité freiné bien des avancées dans de nombreux domaines, quand elles ne les ont pas étouffées. Et l'Eglise dans ses multiples croisades politiques et éthiques aura fait couler beaucoup de sang! Et comment aujourd'hui ne pas condamner les prétendues valeurs que l'Eglise véhicule et qui consistent toujours au fond à prêcher aux exploités l'acceptation de l'ordre établi?

Voilà pourtant qu'au XXIe siècle on discute sérieusement d'inscrire ces valeurs dans la Constitution d'une Union européenne qui nous ramène au Moyen-Age. Ce qui prouve à quel point la société marche à reculons!

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