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Dans les entreprises
Angers : Trois militants condamnés!
Le 10 juin dernier, 800 manifestants, soit une bonne partie de la manifestation contre le plan Fillon sur les retraites, se sont dirigés vers les locaux du Medef d'Angers. Parmi eux, plus de 400 étaient des salariés du secteur privé, en particulier des entreprises de la métallurgie, durement touchées par les vagues de licenciements qui frappent la région angevine depuis un an (TRW, ACT... ).
Les locaux du Medef avaient alors été envahis par les manifestants, accusés par la suite de les avoir mis à sac. Le soir même, un militant CGT d'une petite entreprise de la métallurgie était arrêté et mis en garde à vue pendant plus de quarante heures. Cinq jours plus tard, trois autres militants (deux de la CGT des métaux et un enseignant de la FSU) étaient arrêtés à leur tour et gardés à vue toute la journée. A chaque fois, des rassemblements de plusieurs centaines de travailleurs de tous les secteurs ont eu lieu devant le commissariat pour exiger leur libération. Les trois militants arrêtés plusieurs jours après les faits reprochés ont été libérés juste avant l'arrivée de la manif devant le commissariat.
Alors qu'il est quasiment impossible de faire audiencer une affaire au tribunal d'Angers avant un an, là, le procureur a cité nos quatre camarades à comparaître le 7 juillet, moins d'un mois après les faits.
Le 7 juillet, plus de 500 manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice d'Angers pour exiger leur relaxe. Au cours de l'audience, l'avocat du Medef a tenté de faire passer ses clients pour des victimes innocentes et qui ont été la cible d'une "meute hurlante". Il a déclaré à la presse: "Le Medef n'est pour rien dans les attaques contre les régimes de retraite, ni dans les vagues de licenciements". Quant au procureur de la République, il a requis des peines de prison avec sursis contre deux des inculpés. Il a en particulier requis cinq mois contre le militant enseignant, élu municipal Lutte Ouvrière, qu'il a accusé d'être un "meneur".
En définitive, le verdict a été nettement en deçà des réquisitions du procureur. Il n'en demeure pas moins scandaleux. Certes, une des inculpées a été relaxée, mais il faut dire que plusieurs dizaines de personnes pouvaient témoigner qu'elle n'était pas allée devant le Medef. Les trois autres ont été condamnés à de lourdes amendes. Ajoutées aux dommages et intérêts attribués au Medef, ils devront verser plus de 5000 euros. Et surtout, un des militants de la CGT, reconnu coupable de dégradations volontaires, a été condamné à un mois de prison avec sursis.
Il s'agit bien de la volonté de faire condamner des militants pris comme exemple, qui s'opposent à la politique du patronat, comme l'ont rappelé les manifestants le 7 juillet. Les poursuites entamées contre les patrons de Bull, pour avoir délibérément mis ACT en faillite afin de licencier tout le personnel, ne bénéficient pas de la même célérité et de la même sévérité de la part de la justice. Sa balance n'est pas égale selon qu'il s'agit de salariés qui défendent leur droit de vivre ou de capitalistes qui trafiquent leurs comptes pour mieux licencier.