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Allemagne : La fin de la grève des métallos
Les métallurgistes de plusieurs Länder (les régions) de l'Est de l'Allemagne, qui avaient entamé le 2 juin une grève afin d'obtenir le passage aux 35 heures, ont repris le travail le 30 juin sans rien avoir obtenu.
C'est la première fois depuis 1954 qu'une grève importante menée par la fédération syndicale des métallurgistes, l'IG Metall, se termine par un échec. La situation n'était pas évidente. D'un côté la revendication mise en avant par l'IG Metall ne faisait pas partie des priorités des travailleurs est-allemands, confrontés en même temps aux bas salaires, au chômage massif et aux heures supplémentaires (imposées ou volontaires). En même temps le fait que l'horaire légal de travail à l'Est est à 38 heures (contre 35 heures à l'Ouest) est ressenti comme une profonde injustice. Des délégués syndicaux ont calculé que, depuis la réunification de l'Allemagne en 1990, les métallos est-allemands ont, de ce fait, travaillé une année gratuitement pour le patronat.
Les dirigeants syndicaux qui ont lancé ce mouvement n'avaient visiblement pas prévu que le patronat ne jouerait pas le jeu habituel: négociations à rallonge, débrayages d'avertissement, quelques journées de grève et finalement un compromis qui, en échange de concessions mineures, assure au patronat la paix sociale pendant des années. Cette fois le patronat a décidé de faire une démonstration de force et fait le choix de laisser pourrir la grève pendant près de quatre semaines. Les grévistes ont aussi dû faire face à une intense campagne de calomnies des médias et des politiciens, de droite bien sûr mais aussi de gauche. Ils ont été accusés de mettre en péril l'avenir de l'Allemagne comme "lieu de production". Mais personne n'a dénoncé le fait que les patrons ont, depuis 1990, empoché des milliards d'aides de toute sorte, soi-disant destinées à soutenir l'activité à l'Est... alors que le chômage n'y a fait que monter. Plusieurs grandes usines de l'ex- Allemagne de l'Ouest, comme BMW et Siemens à Munich et Ratisbonne ont, dans la semaine du 23 au 27 juin, mis en chômage technique des milliers de travailleurs, sous prétexte qu'elles ne recevaient plus, du fait de la grève, certaines pièces.
C'est à ce moment-là que la direction nationale de l'IG Metall a appelé à reprendre le travail, en disant quelle ne pouvait plus rien faire car, lors d'une ultime négociation, les patrons n'avaient rien voulu céder, même pas un passage progressif, sur des années, aux 35 heures. Il faut souligner que les dirigeants de l'IG Metall ont pris seuls cette décision sans consulter les syndiqués, alors que pour déclencher une grève, il est nécessaire, légalement, qu'il y ait un vote et que plus de 75% des syndiqués se prononcent en sa faveur.
Il est difficile d'affirmer que la grève aurait pu être victorieuse. Mais il est certain que l'IG Metall n'a rien fait pour sortir du son train-train habituel. L'attitude hargneuse du patronat était pourtant prévisible. Il aurait été possible de s'adresser à l'ensemble des métallos de l'Ouest pour gagner leur solidarité et prévoir une riposte en cas de lock-out. Des délégués de DaimlerChrysler ont expliqué, à la télévision, que les chefs n'arrêtaient pas de faire pression sur les ouvriers en leur disant que ceux de l'Est travaillaient plus et plus longtemps. Et d'ailleurs pendant la grève, le patronat n'a pas cessé de répéter que les ouvriers de l'Ouest ne travaillaient pas assez, ce qui pourrait préparer de nouvelles attaques à l'avenir. Etablir ce lien entre l'Est et l'Ouest était possible, en particulier possible à Berlin, où, du fait de l'ancienne partition de la ville, certaines usines travaillent 35 heures et d'autres 38 heures... à quelques kilomètres les unes des autres.
Mais ce géant qu'est le syndicat IG Metall (il regroupe plus de 2 millions de syndiqués) s'est contenté d'envoyer quelques délégués de l'Ouest participer aux piquets de grève à l'Est. Il aurait fallu aussi ne pas laisser les grévistes isolés aux portes de leurs entreprises. Et s'adresser aux autres travailleurs d'Allemagne de l'Est (et à ceux qui sont au chômage) et qui connaissent des problèmes sociaux innombrables.
Aujourd'hui l'affaire tourne au règlement de comptes au sein de l'IGMetall. Les responsables locaux de la grève sont mis en cause.
Mais pour les travailleurs conscients, le problème posé par cette grève est tout autre. A quoi bon continuer à jouer le jeu, à se contenter de grèves programmées (telle entreprise tel jour, telle autre un autre jour, etc.), à ne pas faire grève pendant la durée d'un contrat, alors que la bourgeoisie, elle, campe fermement sur ses positions? La période à venir s'annonce difficile. De nouvelles attaques sont programmées par le patronat et le gouvernement. Ce n'est qu'en renouant avec les méthodes de la lutte de classe que la classe ouvrière pourra y faire échec.