Décidément, les voyages ne réussissent pas aux ministres de Chirac. Il y avait déjà eu le passage de Ferry à Rodez sous une pluie de livres lancés par des enseignants en colère, et celui de Sarkozy près de Lyon dans un meeting perturbé par plus d'un millier d'opposants aux projets de décentralisation et de réforme des retraites. Puis le tandem Raffarin-Sarkozy, venu défendre le Oui au référendum en Corse, s'est fait chahuter à l'aéroport de Bastia. Juchés sur des chaises de jardin, ils n'ont pas pu esquiver les manifestants opposés au plan du gouvernement contre les retraites, qui les sifflaient et les huaient aux cris de "Raffarin démission!"

Eh oui la "France d'en bas" n'attend pas bien sagement les échéances électorales pour faire connaître son mécontentement. Quand elle bouge, ça se voit et ça s'entend, même aux oreilles d'un Sarkozy qui joue volontiers les rouleurs de mécaniques. Du coup, le chef des flics, vexé, a limogé le préfet local dont les antécédents de conseiller au cabinet de Vaillant, l'ex-ministre de l'Intérieur PS, ont fait un bouc émissaire tout trouvé. Sûr qu'avoir la tête d'un préfet, c'est plus à la portée du gouvernement que de stopper les manifestations que suscitent ses attaques contre le monde du travail.