Les attaques ne cesseront que si les travailleurs les arrêtent26/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1821.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les attaques ne cesseront que si les travailleurs les arrêtent

L'Assemblée poursuit dans une morne indifférence le débat sur la loi Raffarin-Fillon sur les retraites. Tout le monde sait que c'est le mouvement social, les grèves, les manifestations qui avaient une chance de faire reculer le gouvernement, et sûrement pas le Parlement. Les gesticulations des députés du Parti Socialiste, du Parti Communiste et des Verts, leurs amendements, ne servent à rien tellement la majorité de droite est à la botte du gouvernement et tant est grande sa haine des travailleurs.

Mais, au-delà de la position minoritaire des députés de l'ex-gauche plurielle au Parlement, qui peut oublier leur responsabilité dans l'élection triomphale de Chirac? Après avoir mené pendant cinq ans une politique antiouvrière qui a foulé aux pieds toutes les aspirations et tous les espoirs du monde du travail, dégageant ainsi le terrain pour le retour de la droite et de l'extrême droite, ces partis ont parachevé leur oeuvre de démoralisation en appelant à voter pour Chirac. Le gouvernement se sent aujourd'hui d'autant plus les mains libres pour attaquer sans fard les travailleurs qu'il peut se revendiquer de l'investiture de Chirac par les chefs du PS et du PC.

Quelle que soit la mascarade parlementaire, la loi sera votée. Une loi injuste qui oblige à travailler plus longtemps ceux qui le peuvent, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas été transformés en chômeurs avant l'accomplissement de 40, puis de 42 annuités. Et ceux qui n'auront pas accompli ces annuités auront leur retraite, insuffisante même à taux plein, fortement amputée.

Mais ce qu'un Parlement à la botte du gouvernement et un gouvernement à la botte du patronat peuvent faire, les grèves et les manifestations peuvent le défaire. Le gouvernement considère qu'il a gagné une manche. Mais il sait aussi que la rentrée en septembre peut être chaude et que rien ne lui garantit que cette fois-ci le mouvement ne s'étende pas à l'ensemble du service public et que le gros de ceux des entreprises privées ne vienne pas s'y joindre.

De toute façon, seule cette perspective ouvre une issue aux travailleurs. Pas seulement sur la question des retraites, mais aussi sur celle de la Sécurité sociale. Le gouvernement a déjà annoncé qu'après s'en être pris aux retraités, il va s'en prendre à celle-ci. Sous prétexte que la Sécurité sociale est en déficit -ce qui ne serait absolument pas le cas si on n'accordait pas toutes sortes de cadeaux aux patrons avec l'argent pris sur ses caisses!-, le gouvernement se prépare soit à augmenter les cotisations des travailleurs, soit à diminuer les remboursements, et probablement les deux à fois.

Non seulement on prive les travailleurs âgés du droit à un repos bien mérité après une vie de travail, mais on réduit leurs possibilités de se soigner convenablement.

Les attaques du gouvernement contre les travailleurs s'ajoutent aux attaques incessantes du patronat qui licencie à tout va. Le chômage s'envole. Les fermetures d'entreprises transforment des villes entières en déserts industriels. Pour faire monter le cours de leurs actions en Bourse, de grands groupes n'hésitent pas à pousser des centaines de familles ouvrières vers la misère. Les travailleurs ne les laisseront pas faire éternellement.

Les semaines qui viennent de se dérouler ont montré qu'après avoir encaissé une succession de coups de la part des gouvernements qui se sont succédé, les travailleurs ont su redresser la tête. Ils n'ont pas accepté sans réagir que le gouvernement démolisse leurs conditions d'existence avec pour unique raison de pouvoir consacrer de plus en plus d'argent au patronat et à la classe riche.

Et que ne se réjouissent pas trop tôt ce que ce pays compte de réactionnaires ouverts ou déguisés et de parasites vivant de l'exploitation des autres. Car la mobilisation n'aura peut-être été que le signe avant-coureur d'un mouvement plus vaste, une sorte d'avertissement au patronat et au gouvernement. C'est en tout cas dans ce sens-là que doivent agir tous ceux qui sont dans le camp des travailleurs.

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