À l'Assemblée nationale, l'article 10 du projet de loi sur les retraites a été voté le 23 juin par 49 voix contre 41, ce qui soit dit en passant prouve qu'il n'y avait pas grand monde assis ce jour-là sur les bancs. Mais ce qui est surtout remarquable, c'est que cet article a été adopté avec les voix du Parti Socialiste, le Parti Communiste votant contre.

Cet article 10 reporte de 60 à 65 ans l'âge à partir duquel un patron peut mettre d'office un salarié à la retraite, si le salarié en question remplit les conditions nécessaires (nombre d'années de cotisation, en particulier) pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Le baron Seillière et le Medef protestent car cela les empêchera de se débarrasser des travailleurs âgés de plus de 60 ans par une simple formalité. Il s'agirait alors d'un licenciement abusif, avec la procédure et les indemnités conséquentes. Mais comme dirait Fillon, on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre, et si le patronat veut l'allongement de la durée des cotisations et de l'activité, il faut bien qu'il accepte quelques petites contraintes.

Le vrai problème serait d'imposer la possibilité effective de la retraite à 60 ans, c'est-à-dire à taux plein. Mais ce n'est pas la préoccupation des députés socialistes. Par-delà les implications de cet article, en le votant avec les députés de l'UMP, le parti de la droite gouvernementale, ils ont confirmé leur accord avec le recul à 65 ans de l'âge de la retraite. C'est peut-être leur nouvelle façon d'être prétendument de gauche! Mais c'est surtout la confirmation de la politique d'un parti qui a préparé la réforme que le parti chiraquien est en train de faire voter.