Transports : Le gouvernement rêve du "service minimum"19/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1820.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Transports : Le gouvernement rêve du "service minimum"

Avant même la fin de la grève des cheminots, le gouvernement a relancé sa campagne sur la nécessité d'un "service minimum", en clair sur la nécessité de mettre en place une réglementation antigrève.

Il l'a fait au nom des usagers, prétendument "pris en otages" par les grévistes. Comme si ces politiciens, qui ne prennent jamais le métro et certainement pas les trains de banlieue, sauf inauguration en grande pompe et pas aux heures de pointe, avaient autorité en quoi que ce soit pour prendre la défense des usagers qui sont aussi des salariés, de surcroît visés par les projets antiouvriers actuels du gouvernement.

Face aux déclarations intempestives des politiciens de la majorité réclamant la mise en place de ce service minimum à la SNCF, Louis Gallois, président de la SNCF, a tenu à déclarer qu'il s'agissait d'examiner la chose "d'abord à l'intérieur de l'entreprise". Gallois ne tient pas, à la sortie d'un mouvement qui a paralysé largement son trafic, mouvement qui n'est pas forcément terminé, à envenimer le climat sur le sujet. D'autant plus que des discussions ont lieu depuis des mois entre directions syndicales et direction SNCF pour tenter de trouver un "protocole d'accord sur la prévention des conflits et sur le dialogue social", c'est-à-dire pour mettre en place un mécanisme antigrève. Ces discussions ont d'ailleurs donné quelques résultats puisque la CFTC, la CGC et l'UNSA (syndicat autonome) ont d'ores et déjà signé un accord avec la direction SNCF sur le sujet. Mais tant que les centrales les plus représentatives, la CGT d'abord et la CFDT ensuite, continuent à discuter, Gallois ne tient pas à imposer quoi que ce soit par la force, ni même à se laisser imposer un tel accord par le gouvernement. Ce que recherche la direction SNCF, c'est que les directions syndicales, et les plus influentes d'entre elles, mouillent leur chemise et s'engagent à gérer la situation en cas de montée des mécontentements et en cas de conflits.

Il n'empêche que le gouvernement poursuit sur ce sujet aussi sa campagne politique contre les grévistes des transports en commun, tout en invoquant hypocritement le respect du droit de grève "inscrit dans la Constitution". Seulement il n'est pas dit du tout que cette campagne réussisse à monter l'opinion publique contre les travailleurs de la SNCF ni que ces derniers se laissent faire. Et puis surtout, lorsque la grève est vraiment à l'ordre du jour, ni préavis, ni réglementation antigrève, ni intimidations n'ont jamais arrêté les travailleurs. La direction de la RATP, où il existe un accord fixant une procédure dite d'"alarme sociale", a pu le vérifier à ses dépens plusieurs fois, de même que celle de la SNCF, où même la règle du délai de préavis de cinq jours pleins avant toute grève n'a pas toujours été respectée.

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