"Pour financer les retraites, prenons sur les profits"19/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1820.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Pour financer les retraites, prenons sur les profits"

Ce slogan des manifestants contre le projet de loi Raffarin-Fillon fait se dresser les cheveux sur la tête de nombre de bourgeois. Viennent à leur rescousse de prétendus experts qui expliquent que la taxation du capital est illusoire, illégitime et irréaliste et que de toute façon, le remède ne serait pas à la hauteur du problème, c'est-à-dire ne rapporterait pas suffisamment pour combler le déficit des caisses afin de permettre le versement des pensions aux conditions actuelles.

Irréalistes et illégitimes, la taxation du capital et le prélèvement sur les profits pour renflouer les caisses de retraite? Oui, sans doute pour la classe des profiteurs, pour ces patrons d'industrie et leurs actionnaires, qui considèrent que la part des biens créés par les travailleurs et qu'ils confisquent à leur profit est intouchable et leur appartient. Alors, ils menacent, affirmant qu'une taxation de leurs profits mettrait à mal l'emploi et augmenterait encore le nombre de chômeurs.

Insuffisant, le revenu de la taxation des profits pour renflouer les caisses de retraite? Quand bien même ce serait vrai, quelle hypocrisie et quel cynisme que d'exempter d'un impôt les plus riches de la société alors que toute la population est pressurée par les impôts, y compris les plus démunis par le biais de la TVA!

Mais en plus, ce n'est pas vrai. Le prélèvement sur le capital, la taxation des profits pourraient permettre de maintenir le niveau des pensions, au lieu de condamner la classe ouvrière à travailler plus longtemps et à toucher des retraites amputées. De décennie en décennie, l'augmentation de la productivité du travail a profité essentiellement aux plus riches et non à ceux qui l'ont payée de leur sueur.

Le gouvernement Raffarin-Chirac nous affirme qu'il n'y a pas de "trésor caché" et qu'il faut donc être réaliste et comprendre qu'il va nous falloir travailler plus longtemps pour cotiser davantage. Mais c'est faux, il y a bien un "trésor caché" de taille: les magots, les capitaux, les fortunes amassées par la bourgeoisie sur l'exploitation du travail de la classe ouvrière et qui ne se résument pas aux profits déclarés dans les bilans annuels, souvent fabriqués et trafiqués. Le profit déclaré n'est que la partie visible de cet énorme iceberg que la bourgeoisie accapare, de ces capitaux qu'elle engrange année après année pour les faire fructifier le plus souvent dans des boursicotages improductifs.

C'est ce "trésor" qu'il faut mettre à la disposition de toute la société. Ce ne serait que justice car c'est bien la société qui l'a produit. C'est elle, ce sont les travailleurs dans leur ensemble qui doivent le contrôler, contrôler la répartition des biens, afin qu'on ne puisse plus jamais venir leur raconter des sornettes sur la "nécessité" d'augmenter la durée de cotisation et de diminuer les retraites, alors même que la société produit un nombre de plus en plus considérable de richesses.

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