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- Lutte ouvrière n°1820
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Editorial
Contre le projet Chirac-Raffarin, la lutte continue!
Malgré l'intense propagande gouvernementale, le mouvement de protestation contre les mesures antiouvrières du gouvernement Chirac-Raffarin continue. Le chantage aux examens n'empêche pas des enseignants de rester en grève et de manifester. Les salariés du secteur bancaire ont rejoint ceux de l'Éducation nationale le mardi 17 pour protester aussi contre les fermetures d'agences de la Banque de France et les suppressions d'emplois. Les transports publics restent en grève dans beaucoup d'endroits. Jeudi 19, les syndicats appelaient à une nouvelle journée de grèves et de manifestations.
Les sondages montrent qu'une majorité continue à se déclarer contre le projet de loi Raffarin-Fillon. C'est dire que, si la droite a eu les moyens financiers de mobiliser quelques milliers de manifestants, aux comptes d'épargne bien garnis, contre les grévistes le dimanche 15 juin, le mouvement de protestation bénéficie toujours de la sympathie de la majorité de la population, ce qui signifie l'écrasante majorité des salariés.
Bien sûr, ce qui a le plus inquiété le gouvernement pendant les premières semaines du mouvement a été sa tendance à l'élargissement et la menace qu'il entraîne aussi le secteur privé, et en particulier les grandes entreprises. Cela ne s'est pas produit, mais le simple prolongement du mouvement, avec la sympathie de la majorité des salariés, est un formidable désaveu pour le gouvernement et une source d'inquiétude. Tant que la braise reste vivace, le feu peut reprendre et faire resurgir les flammes!
C'est la démonstration aussi que ce gouvernement gouverne contre les aspirations et les intérêts de la majorité laborieuse de la population. Ceux qui, parmi les salariés, considèrent que la lutte n'est pas terminée et qui continuent ont raison. Leur ténacité montre que les actions des semaines écoulées ne sont pas un feu de paille et qu'après plusieurs années où la classe ouvrière a reçu coup sur coup, elle commence à relever la tête et que le gouvernement devra compter avec elle.
Le principal résultat du mouvement est là. Et c'est d'autant plus important pour l'avenir que le gouvernement n'a nullement l'intention d'arrêter les offensives antiouvrières. Chirac vient d'ailleurs d'annoncer ouvertement la couleur en parlant de la "modernisation" du système de santé. On sait que, lorsque le gouvernement parle de "réforme" ou de "modernisation", c'est toujours l'annonce d'attaques contre les travailleurs. Sous prétexte de déficit de la Sécurité sociale, le gouvernement et le patronat cherchent à imposer des coupes claires dans les dépenses de santé et dans les remboursements de la Sécurité sociale.
On veut tout à la fois imposer aux salariés de travailler plus, plus longtemps, pour des pensions de retraite plus faibles et de se soigner de moins en moins et de plus en plus mal. Le gouvernement est décidé à imposer le retour en arrière, car telle est la volonté du grand patronat pour qui les retraites, les remboursements de soins et de médicaments pour les classes populaires, ou encore l'argent consacré aux services publics utiles à la population, sont autant de faux frais à supprimer pour augmenter encore et toujours la part du patronat dans le revenu national.
Il n'y a évidemment rien à espérer des débats parlementaires et des batailles d'amendements. Le gouvernement dispose au Parlement d'une majorité servile, prête à voter tout, y compris le pire. Seules les grèves peuvent l'obliger à retirer les projets antiouvriers en discussion.
Alors, face au gouvernement qui mise sur la fin du mouvement, il faut montrer le jeudi 19 juin et les jours suivants que ce n'est pas fini et que ceux qui restent en grève bénéficient d'un large soutien. Ce à quoi le gouvernement a eu à faire jusqu'ici n'est qu'un avertissement. S'il continue son offensive antiouvrière, il finira par convaincre tous les travailleurs que seule la riposte générale du monde du travail peut bloquer le bras qui le frappe. Les travailleurs n'acceptent plus d'être étranglés simplement pour augmenter la richesse et les privilèges d'une mince couche de grands patrons et d'actionnaires!