Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle (Roissy) : Un mort, un paralysé, un accident grave au nouveau terminal19/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1820.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle (Roissy) : Un mort, un paralysé, un accident grave au nouveau terminal

Annoncée à grand bruit pour mardi 17 juin dans les quotidiens nationaux, les radios et télés, l'ouverture du terminal CDG 2-E, le tout dernier de l'aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle, a dû être reportée.

Dès le 11 juin, ce terminal avait accueilli certains vols. Présenté comme une merveille de modernisme, un bijou de confort et un modèle d'efficacité qui devait porter à 63 millions de passagers la capacité de Roissy, il allait en faire la première plate-forme aéroportuaire d'Europe. Il ne restait qu'à l'inaugurer.

Mais le chantier avait pris du retard et la pression avait été mise sur ceux qu'on forçait à y travailler dans des conditions épouvantables, le plus souvent pour des sous-traitants d'ADP (Aéroports de Paris). C'est que le directeur-général d'ADP avait déclaré qu'il se faisait un point d'honneur d'avoir un chantier fin prêt pour le jour de l'inauguration. Résultat: depuis le début du mois, un travailleur est devenu paraplégique après une chute; il y a quelques jours, un autre a trouvé la mort sur le chantier et, la veille du grand jour, un énorme projecteur s'est abattu à deux pas de plusieurs travailleurs. La commission de sécurité ne pouvait que refuser l'ouverture du terminal.

Les autorités (ministère, région, directions d'ADP -Aéroports de Paris- et d'Air France, etc.) ont donc dû annuler en catastrophe cette inauguration que, la veille encore, elles annonçaient dans la presse où, bien sûr, rien n'avait filtré des conditions de travail imposées aux constructeurs de ce terminal "dernier cri".

Comptant sur une ouverture en grande pompe et largement médiatisée, les autorités se seraient bien passées de ce "contre-temps". Mais elles ont préféré remettre à plus tard leurs beaux discours. Vu les circonstances, elles n'avaient guère le choix. Et cela valait mieux pour elles car, sur ce site aéroportuaire qui emploie 150000 personnes au total, comment éviter qu'on découvre largement à quelles conditions d'insécurité sont contraints les travailleurs du chantier que certains prétendaient fêter?

En outre, ce 17 juin, des travailleurs avaient décidé de s'inviter, sans avoir été vraiment conviés aux réjouissances officielles. Ainsi, malgré leur annulation, plusieurs centaines de salariés d'Air France et de ses filiales (Servair, ACNA), d'ADP et de sociétés prestataires de service (telle Aérosur), ainsi que des douaniers, des policiers de l'aéroport, sans oublier quelques enseignants venus des environs d'Orly, ont parcouru le site et les autres terminaux pour se faire entendre. Pour dire "Non!" à la privatisation prochaine d'Air France, et à celle annoncée d'ADP; pour réclamer des augmentations de leurs salaires gelés depuis des années; mais aussi, tous ensemble, pour redire qu'ils ne veulent pas du projet Fillon-Raffarin sur les retraites. Et, bien sûr, pour dénoncer les conditions de travail qu'on leur impose, comme l'a fait durant ce rassemblement une responsable de l'Union locale CGT de l'aéroport, et qui ont causé en quelques jours la mort d'un travailleur et l'invalidité d'un autre.

Partager