Transparence de l'information sur les médicaments ? Le gouvernement ne veut même pas d'un placebo29/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Transparence de l'information sur les médicaments ? Le gouvernement ne veut même pas d'un placebo

Le gouvernement vient de suspendre les activités du Fopim (Fonds de promotion de l'information médicale et médico-économique), un organisme qui entendait offrir "une information médicale, indépendante de l'industrie pharmaceutique". Au ministère de la Santé, on prétend bien sûr rester "attaché à l'idée de développer une information indépendante des laboratoires", mais le remplacement du Fopim est seulement... à l'étude.

Le Fopim avait été créé le 11 mars 2002 à l'initiative de Bernard Kouchner, alors ministre délégué à la Santé. Il s'agissait de proposer aux professionnels de santé une "information précise et concise sur le bon usage des médicaments", en réponse aux inquiétudes de médecins et de parents dans la région du Puy-de-Dôme qui déploraient le manque de renseignements sur les modalités d'une campagne de vaccination contre la méningite dans leur département, notamment le manque d'informations sur le vaccin utilisé.

Géré par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), le Fopim avait été doté d'un budget annuel de 20 millions d'euros et était dirigé par des personnes issues du milieu médical ou de la presse médicale.

En pratique, ce fonds, qui dans l'esprit du ministre d'alors n'était peut-être qu'un placebo, n'a jamais pu jouer le rôle auquel il était destiné, faute de moyens. Quelques propositions ont bien été préparées mais ses activités ont été suspendues avant qu'elles puissent être validées. Fopim ou pas, l'information médicale sur les médicaments a continué et continue de rester le monopole des laboratoires pharmaceutiques qui, par différents canaux, la publicité et surtout les réseaux de visiteurs médicaux, exercent une forte pression sur les prescripteurs, en l'occurrence des médecins, qui ne disposent toujours pas d'une information objective.

Et on voit mal comment l'actuel ministre de la Santé, qui fait partie d'un gouvernement attentif à la moindre des exigences du grand patronat, pourrait mettre sur pied en remplacement autre chose qu'un comité Théodule qui sera tout, sauf en mesure de fournir une information médicale qui puisse contredire d'une façon ou d'une autre l'industrie pharmaceutique.

Cette nouvelle décision, qui fait suite aux propositions de déremboursement de 617 médicaments, augure mal de la "réforme de l'assurance-maladie" que mijotent les services de Jean-François Mattei, qui entend nous la servir en septembre, dès qu'on aura fini d'avaler la purge des retraites.

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