- Accueil
- Lutte ouvrière n°1817
- Retraites : Ni jeunes dans la galère, ni vieux dans la misère!
Editorial
Retraites : Ni jeunes dans la galère, ni vieux dans la misère!
L'ampleur des manifestations du 25 mai, après celles du 13 mai, a montré que le monde du travail rejette le plan Raffarin-Fillon sur les retraites qui constitue une attaque grave contre tous les salariés. Le gouvernement se prépare pourtant à exa- miner le projet comme si de rien n'était, puis à le faire entériner par le Parlement. Le ministre du Travail, Fillon, le soir même des manifestations, a adressé une fin de non-recevoir à la protestation de tous ceux qui n'acceptent pas de travailler plus longtemps pour une retraite diminuée.
Le ministre a ressorti la vieille ficelle consistant à opposer les travailleurs du secteur public, présentés comme des privilégiés et des égoïstes, à ceux du secteur privé. Il a eu le cynisme de se poser en défenseur de l'égalité de tous devant la retraite alors que c'est le gouvernement Balladur qui a introduit l'inégalité en imposant 40 ans de cotisation aux travailleurs du privé au lieu de 37 ans et demi.
Mais le stratagème consistant à opposer les salariés les uns aux autres est éventé. Le projet du gouvernement aggrave la situation pour tous car on annonce 41, puis 42 ans de cotisation, et peut-être plus.
Se crever au travail, aller "de l'usine au cimetière" ou partir en retraite avec une pension fortement diminuée, voilà ce qu'ils nous réservent. Et nous n'aurons même pas à choisir entre ces deux perspectives: ce sont les patrons qui choisiront, en jetant à la rue les travailleurs qu'ils considèrent trop usés pour être rentables.
Alors, il n'est pas question d'accepter cela. D'autant moins que Fillon comme Raffarin, quand ils parlent d'égalité devant les sacrifices, ne parlent que des salariés, jamais du patronat, jamais des riches. "Ce serait préjudiciable à l'emploi", répètent-ils. Mais en quoi cela nuirait à l'emploi de faire payer les actionnaires sur leurs dividendes, les spéculateurs sur leurs profits, les bénéficiaires de revenus financiers sur leurs bénéfices, les PDG sur leurs "stock-options"?
Le gouvernement ose se poser en représentant de l'intérêt général face aux intérêts catégoriels. Mais son projet ne reflète en rien l'intérêt général, mais seulement les intérêts particuliers des possédants.
Le gouvernement invoque la "représentation nationale" contre la rue. Mais ce n'est pas parce que le gouvernement dispose de la majorité à l'Assemblée nationale que cela justifie des mesures qui visent ceux qui font marcher la société et qui produisent l'essentiel des richesses. Et puis, il faut tout de même rappeler que cette majorité écrasante au Parlement est la conséquence de l'élection plébiscitaire de Chirac, voulue par les dirigeants de l'ex-gauche plurielle, Parti Socialiste en tête, qui essaient aujourd'hui de se poser en défenseurs des travailleurs.
En voulant imposer à tous les salariés un projet dicté par le grand patronat, Raffarin, Fillon et les autres ne font qu'apporter la démonstration que seules la rue, la mobilisation des travailleurs peuvent s'opposer au pouvoir de l'argent.
Le gouvernement a engagé une épreuve de force. L'enjeu n'est pas seulement la question des retraites, encore qu'un recul rien que sur ce terrain représenterait une régression importante. Mais, après avoir attaqué les salariés sur la question des retraites, le patronat et le gouvernement se préparent à attaquer sur la question de l'assurance-maladie. Ils visent à faire cotiser plus les salariés pour moins de soins et moins de médicaments remboursés.
Alors, c'est le moment de s'opposer à l'offensive générale contre les travailleurs. Il faut que les actions continuent et s'élargissent. Il faut se saisir de toutes les occasions offertes par les syndicats pour amplifier le mouvement. Il faut que les grèves se généralisent et s'étendent aussi aux entreprises privées.
Si les grèves et les manifestations continuent en s'amplifiant le temps qu'il faut, ces laquais du grand patronat et des riches que sont les ministres seront obligés de ravaler leur hargne antiouvrière et de remballer leurs projets.