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Enseignants : Lutte Ouvrière sous le feu de la critique... du Monde
Le Monde daté du 25 mai, dans un long article consacré au rôle des militants de Lutte Ouvrière dans la grève des enseignants est finement intitulé: "Certains grévistes critiquent l'attitude de Lutte Ouvrière-Ce Parti est suspecté de vouloir contrôler la coordination nationale des enseignants".
Ce journal s'appuie principalement sur une déclaration de Pierre Sigalas, l'un des responsables fédéraux du syndicat Sud-Éducation.
Bien entendu, les organisations syndicales comme Sud voient d'un mauvais oeil un mouvement contrôlé par la base et souhaiteraient que la grève ne soit dirigée que par les organisations syndicales, réunies ou pas en intersyndicale. Pour eux, les assemblées de grévistes ou les coordinations ne doivent être là que pour servir de caution aux appareils.
Si la citation que fait Le Monde de ses déclarations est exacte -ce qui, bien qu'elles figurent en italiques et qu'elles soient entourées de guillemets, n'est jamais certain dans les modèles journalistiques d'aujourd'hui- Sigalas, après avoir salué le rôle des militants de Lutte Ouvrière au début du mouvement, aurait déclaré que cela se serait gâté à partir du 13 mai: "Le soir du 13 mai, on s'est réuni et on a été plusieurs à suggérer une assemblée générale interprofessionnelle, c'est-à-dire élargie aux autres secteurs. Et là, on a vu les militants de LO combattre en groupe la proposition. On a déduit qu'il y avait un enjeu pour eux et qu'ils avaient peur d'être dilués".
Les "autres secteurs", c'étaient d'autres professions, en grève ou pas, et selon Sigalas, il aurait sans doute été plus juste de faire discuter de la grève des enseignants par une assemblée où les enseignants n'auraient pas été forcément les plus nombreux et où les participants n'auraient pas été, par définition, représentatifs des enseignants en lutte.
Mais ce qui est curieux, c'est qu'un peu plus loin, Le Monde fait dire à ce dirigeant du syndicat SUD, à propos de la coordination nationale: "On arrive à des aberrations où le vote de 50 militants de LO d'Ile-de-France, qui assistent à toutes les réunions, a plus de valeur que celui de quatre représentants de Toulouse qui représentent pourtant 500 ou 600 personnes en grève".
Il faut croire que Sud et les militants appartenant à d'autres organisations que LO, politiques ou pas, n'avaient pas beaucoup de grévistes de l'Ile-de-France dans la salle. Il affirme en effet: "LO a bourré la salle. Sur 400 personnes présentes, on s'est retrouvés avec plus de 200 participants de la région parisienne, dont une centaine de cette organisation, qui ont fait repousser le mandatement".
Ce syndicaliste a une curieuse façon de compter. S'il y avait une centaine de sympathisants de LO sur 400 personnes présentes, ce n'est pas exactement "bourrer la salle" et il y a quand même les trois-quarts des personnes présentes qui auraient pu suivre les propositions paraît-il démocratiques soutenues par ce représentant d'un appareil syndical... et qui, il faut croire, ne l'ont pas fait.
Ce n'est pas LO qui agit dans cette grève, ce sont les grévistes, dont des militants ou sympathisants de LO qui ne sont pas les plus nombreux, loin de là. Nos camarades sont nombreux dans cette lutte, mais au point de bourrer des assemblées de plusieurs centaines de personnes, c'est nous faire beaucoup d'honneur.
Nos camarades ne sont pas du tout opposés à l'élection de représentants des divers secteurs en lutte pour les coordinations nationales. Par contre, ils le sont dans le cas des coordinations locales ou départementales car là, il est tout à fait possible techniquement que tout le monde participe.
Mais la base de la désignation de représentants aux coordinations nationales est tellement difficile à définir que ses partisans s'affrontent pour trouver un système qui les satisfasse tous. Cela aboutit à des discussions sans fin qui lassent les participants et qui se terminent devant des salles qui se vident. C'est cela que nous combattons, car pour nous il est nécessaire, avant tout, d'élargir le mouvement à la base, dans l'unité, d'éviter les affrontements inutiles et ridicules. D'autant plus que la coordination nationale ne dirige pas vraiment l'ensemble de ce mouvement.
Par contre, il est nécessaire que les grévistes se réunissent dans des coordinations locales, à la base, sans créer d'appareil local qui cristallise et remplace le nécessaire contrôle de la base sur son propre mouvement.
C'est sans doute cela que certains permanents syndicaux ne peuvent pas supporter. Et bien sûr, ils trouvent l'oreille complaisante de journalistes qui montrent tout à leurs lecteurs par le petit bout de la lorgnette.