Éducation nationale : Retrait des projets sur les retraites et la décentralisation29/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Éducation nationale : Retrait des projets sur les retraites et la décentralisation

Le mouvement des personnels de l'Éducation nationale tient bien. Par sa durée, par le nombre de grévistes, le nombre de manifestants qui se retrouvent dans les cortèges, il constitue la principale composante de la large contestation contre les projets antiouvriers du gouvernement. C'était le cas le dimanche 25 mai, mais deux jours plus tard, dans les manifestations du 27 mai, aussi importantes, voire plus que celles du 17 mai. La détermination n'a pas faibli, au contraire, puisque le mouvement s'est étendu dans certaines régions. Et cela malgré les tentatives de diversion du gouvernement, soufflant un peu le chaud, mais surtout le froid.

La semaine précédente, Xavier Darcos laissait entendre que le gouvernement pourrait réaménager le calendrier d'application de la décentralisation. Deux heures plus tard, Luc Ferry déclarait qu'il n'en était nullement question. Alain Juppé, mettant à profit le fait qu'il ne soit plus au gouvernement, évoquait la possibilité que le gouvernement lâche du lest sur cette décentralisation pour dire quelques jours plus tard que Raffarin devait tenir ferme.

Ces manoeuvres montrent que l'ampleur de la protestation, révélée par le mouvement dans l'Éducation nationale mais aussi par les grèves et les manifestations du 13 mai, ont mis le gouvernement dans un embarras qu'il a du mal à masquer, alors que jusqu'à présent il croyait que tout lui était permis face à une opinion ouvrière et populaire anesthésiée.

Mais pour le moment il ne cède sur rien, sauf sur des détails insignifiants. Et encore moins sur les retraites. Et si la possibilité qu'il cède un peu plus sur la décentralisation est évoquée ici ou là, ce serait une manoeuvre pour tenter de faire cesser le mouvement dans l'Éducation, afin que le gouvernement ait les mains libres pour faire passer le plan Fillon de démantèlement des retraites. Mais pour qu'un tel calcul fonctionne, encore faudrait-il que les grévistes et les directions syndicales de l'Éducation nationale acceptent ce piège. Mais justement les grévistes s'y refusent et, pour l'instant au moins, les dirigeants syndicaux aussi, si l'on en croit leurs prises de positions qu'il s'agisse de ceux de la FSU ou de ceux de SUD, au lendemain de la déclaration de Raffarin à l'issue du Comité interministériel consacré à l'éducation.

La fermeté affichée par Raffarin à cette occasion est de bonne guerre, mais pas forcément efficace. En 1995, Juppé déclarait avec arrogance qu'il restait "droit dans ses bottes", quelques jours seulement avant d'être contraint de remballer son projet de remise en cause des retraites dans la Fonction publique. Raffarin choisit le risque d'avoir à chausser les bottes de Juppé. Car il faut et il est possible de lui imposer le même sort.

Le mouvement social, dont le personnel de l'Éducation nationale constitue actuellement le fer de lance, a le moyen de le faire. Raffarin, Fillon et d'autres avaient prétendu vouloir passer en force. Mal leur en a pris. Ils ont à affronter un mouvement ample et puissant. Les déclarations de Fillon au soir de la manifestation du 25 mai, et celles de Raffarin à la suite de celle du 27 mai n'ont fait que renforcer la colère et la détermination des grévistes.

Les conditions existent pour les faire remballer leurs projets.

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