Alstom (Belfort) : Encore une vague de licenciements29/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1817.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom (Belfort) : Encore une vague de licenciements

Suite au rachat de la branche énergie du groupe helvético-suédois ABB en 2000, Alstom avait réduit ses effectifs de 10000 à travers le monde dans le nouveau secteur énergie ABB-Alstom.

A Belfort, cette réduction d'effectifs avait touché 590 personnes. Quelque 300 personnes ont été reclassées en interne, pour la plupart sur le site de Belfort. Mais encore aujourd'hui, quelque 150 de nos anciens camarades de travail pointent toujours à l'ANPE à la recherche d'un hypothétique emploi.

Il y a quelques semaines, Alstom annonçait pour ce même secteur énergie la suppression de 3000 postes sur 10000 en Europe, dont 1 294 en France. C'est le 19 mai que la direction France annonçait la répartition: 610 à Belfort, 350 à La Courneuve, 125 à Grenoble, 120 à Levallois, 85 au siège.

A Belfort, ce fut la consternation car, pour les secteurs concernés, les licenciements annoncés correspondent à près de la moitié des effectifs. Et déjà la direction reprend les mêmes discours qu'il y a deux ans: "Il y aura une solution individualisée pour chacun" ou "ce sera mieux que le dernier plan". Un discours qui, s'il a quelque peu marché il y a deux ans, aujourd'hui ne prend pas du tout. Chacun voit bien qu'avec la montée du chômage il n'y a pas de perspective d'emploi dans la région, ni même ailleurs.

Face à l'émotion soulevée, les politiques ont réagi à leur manière. Les députés de droite ont interpellé le gouvernement qui a répondu par Francis Mer qu'il faut faire confiance aux dirigeants du grand groupe Alstom et qu'il faut se tourner vers les collectivités locales pour accompagner les plans. Autrement dit, n'attendons rien du gouvernement et que l'argent public serve à aider Alstom à licencier.

Chevènement, maire de Belfort, y va aussi de son couplet en réunissant un conseil municipal extraordinaire pour faire adopter des déclarations aussi pompeuses qu'inefficaces.

A quoi tous ces hommes politiques ont-ils servi lors du dernier plan de licenciements? A rien. Et aujourd'hui, bien peu de travailleurs attendent quelque chose de ces gens-là.

Vendredi 23 mai, les syndicats ont appelé à un débrayage d'une demi-heure sur l'ensemble du site. Nous étions 500 à nous rassembler pour ce premier geste de protestation. Les syndicats préparent une journée de grève et de manifestation à l'intérieur de l'usine pour le 5 juin, veille de la réunion du comité de groupe Alstom France où la direction risque bien d'annoncer d'autres licenciements dans le secteur ferroviaire. En effet, le PDG Kron veut doubler son "taux de profitabilité" pour atteindre 7%, et pour cela il voudrait réduire encore les effectifs alors même que la SNCF va passer une commande de 800 locomotives. On ne peut être plus clair, Alstom décide en fonction de l'impératif de faire du profit et non en fonction du besoin de fabriquer des turbines, des alternateurs, des trains et des bateaux.

La participation importante des "Alstom" aux manifestations des 13 et 19 mai montre que peut-être le climat est en train de changer. Et nous sommes de plus en plus à penser que même si l'on n'est pas sûr de gagner en se battant, on est sûr de tout perdre si on ne se bat pas.

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