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Leur société
Kurdes de Bordeaux : Convoi vers la préfecture
Vendredi 16 mai, les 80 Kurdes originaires de Turquie qui poursuivent leur grève de la faim dans l'ancienne gendarmerie de Mérignac pour réclamer le droit d'asile politique en étaient à leur trentième jour sans s'alimenter.
21 grévistes de la faim n'avaient jamais déposé de dossier de régularisation auparavant. Certains d'entre eux avaient tenté de le faire, mais s'étaient découragés après avoir été renvoyés de bureau en bureau, entre les services de la préfecture et ceux de la Police de l'Air et des Frontières.
Pour pouvoir déposer un dossier d'asile politique auprès de l'Office de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) à Paris, des imprimés doivent être délivrés par les préfectures, après prise des empreintes, photographies des demandeurs... Si la préfecture de la Gironde a fini par délivrer les imprimés nécessaires à ceux qui avaient déjà fait une première demande, par contre elle était intransigeante pour les 21 qui n'avaient jamais fait de demande. Pas question de donner les imprimés à un tiers ou de déplacer un représentant de la préfecture sur le lieu de la grève de la faim.
Malgré leur état de faiblesse, les 21 avaient donc prévenu que si la préfecture n'assouplissait pas sa position, ils se rendraient en convoi sanitaire jusqu'à la préfecture pour obtenir ces fameux imprimés, sans interrompre leur grève de la faim. Ce qu'ils ont fait le vendredi 16 mai, dès 9 heures du matin.
Il fallut encore insister fortement pour qu'ils puissent tous entrer dans les locaux préfectoraux. Il fallut aussi protester pour que les services qui ferment d'habitude à 13 h 30 restent ouverts jusqu'à ce que la totalité des démarches aient été effectuées, sans avoir à revenir la semaine suivante, comme l'envisageaient les représentants de la préfecture.
Epuisé par l'effort demandé à des personnes qui ne prennent plus que de l'eau, du thé et un peu de sucre depuis un mois, l'un des 21 a fait un malaise et a été évacué par les pompiers, sous le regard des journalistes et devant les caméras de télévision.
Voilà ce que la préfecture de la Gironde a imposé à ces travailleurs kurdes pour leur donner un simple bout de papier qui ne leur permettra que de déposer un dossier auprès de l'OFPRA, qui décidera ensuite, d'accorder ou non l'asile politique.