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Dans les entreprises
SNCF : Le 13, un tremplin...
A la SNCF, dans la quasi totalité des ateliers, des gares, des chantiers, la journée du 13 mai a été un succès au-delà des espérances de tous ceux qui l'avaient préparée. La grève a été très bien suivie et de très nombreux grévistes ne sont pas restés chez eux mais ont tenu à manifester dans la rue, avec dynamisme et de très nombreux slogans et banderoles, leur refus de ce que prépare le gouvernement contre leurs retraites.
Dès le matin du 13, dans de nombreux secteurs, des assemblées de cheminots se sont réunies et ont souvent voté majoritairement la reconduite de la grève pour le lendemain, jusqu'aux nouvelles assemblées qui devaient décider de la poursuite du mouvement. Car il est évident pour tous que Raffarin et Fillon n'abandonneront pas leurs projets après une seule journée de grève et de manifestation même très réussies et que, comme disaient certains, "il va falloir en remettre une bonne couche", à commencer donc par le 14 mai, avec également dans toutes les discussions la préoccupation de poursuivre le mouvement au-delà.
La direction de la CGT (majoritaire à la SNCF) et celle de la CFDT se déclarent ouvertement contre la poursuite de la grève. Elles reportent les prochaines étapes de mobilisation au 19 mai et surtout à la manifestation nationale du dimanche 25 mai, trois jours avant que le projet de loi sur les retraites soit présenté au Conseil des ministres. L'importance de la journée du 13 mai devrait alors se réduire à permettre aux confédérations syndicales, lors des discussions du 14 mai avec Fillon, d'obtenir quelques minables concessions, que de toute façon le ministre s'était déjà dit prêt à accorder. Mais tous les militants sont loin de partager cette façon de voir. Car le plus grand succès de cette journée du 13 mai est en effet d'avoir permis aux travailleurs de renouer avec la confiance dans leur nombre et dans leur force. Ils ont pu les mesurer dans la rue -au coude à coude avec des cheminots d'autres secteurs mais aussi avec des travailleurs d'autres entreprises, y compris du secteur privé- pour y trouver un encouragement à continuer. Encore faut-il que cette journée ne reste pas sans lendemain et que les cheminots battent le fer quand il est chaud.
Les 19 et 25 mai peuvent certainement être d'autres "points forts" dans le combat qui s'engage contre le gouvernement et ses projets. Mais ceux qui s'interrogent sur comment faire en sorte que ce 13 mai ne soit pas une journée sans lendemain, que fort de ce premier succès, le mouvement se prolonge et se renforce d'ici le 19 et le 25 ont raison. Et ce sentiment est exprimé dans bien des assemblées de cheminots, où des sympathisants, des syndiqués mais aussi des militants CGT se sont prononcés pour la poursuite de la grève.
Contrairement à ce qui s'était passé en 1995, contre la réforme de Juppé sur les retraites, aujourd'hui la principale confédération syndicale, la CGT, ne veut pas militer pour le développement de la grève. Elle veut seulement des mobilisations bien carrées, qui lui servent dans les négociations avec le gouvernement pour obtenir un petit quelque chose, qu'elle pourra ensuite présenter aux travailleurs comme autant de raisons d'en finir avec la mobilisation et de se résigner à voir amputer gravement les retraites, pour ne parler que de celles-ci. Bien des cheminots sont conscients de cette politique défendue, qui contribue à retenir les plus hésitants, à freiner au lieu d'encourager ceux qui pensent pouvoir encore éviter le recours à la grève pour bloquer les coups du gouvernement.
Face à cela, les assemblées souveraines des grévistes, les discussions et les décisions prises en commun, l'organisation que sauront se donner les grévistes et tous les militants du mouvement seront indispensables pour offrir une perspective de succès. Car il n'y a que la lutte consciente et la mobilisation la plus large des travailleurs qui peuvent inverser enfin en leur faveur le rapport de forces actuel et qui peuvent faire ravaler à Raffarin et à Fillon des projets dont aucun travailleur ne veut.