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Togo : La "démocratie" protégée par Paris
Au pouvoir depuis 1967, le général-président du Togo, Eyadéma, espère y rester longtemps encore. En tout cas, il sera à nouveau candidat en juin prochain lors des élections présidentielles. Le pronostic est facile: il sera élu.
Mise en place en 1992 après une période d'agitation politique, la Constitution du pays prévoyait pourtant, il y a quelques mois encore, seulement deux mandats présidentiels successifs, ce qui aurait dû mettre Eyadéma hors course. Qu'à cela ne tienne, l'Assemblée nationale togolaise élue en octobre dernier, lors d'élections boycottées par les partis d'opposition, a modifié pour lui cette Constitution. Par ailleurs, le principal opposant ne pourra se porter candidat. Pour se présenter à l'élection présidentielle, il est dorénavant nécessaire d'avoir séjourné dans le pays durant les douze mois précédant le scrutin. Ce rival ne peut répondre à cette condition car il a été contraint à l'exil par Eyadéma!
Tout cela se passe dans la zone d'influence de l'impérialisme français. Et l'on ne peut pas dire que cette situation ait ému Chirac et son ministre des Affaires étrangères, de Villepin.
Comme tous ses collègues dictateurs de la région, Eyadéma se présente comme un grand ami de Chirac. Il avait bien promis à ce dernier il y a quelques années de ne pas se représenter. Mais il se défend aujourd'hui d'avoir fait cette promesse: "Je ne l'ai jamais promis à Chirac! Je l'ai seulement dit aux journalistes qui voyageaient avec lui"!
Du côté des dirigeants français, c'est donc le silence radio sur cette situation au Togo. Depuis le début des années 1990, leurs discours officiels prônent pourtant la nécessité de la "démocratie" pour les anciennes colonies africaines. À La Baule, à cette époque, Mitterrand avait même déclaré que "la France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté". Dernièrement, Chirac a répété une nouvelle fois cette même litanie en affirmant: "Certaines méthodes qui avaient pu être tolérées, du moins ignorées, aujourd'hui ne peuvent plus être acceptées"! En fait, il n'y avait pas là de quoi gêner ni effrayer leurs amis du Togo et d'ailleurs qui savaient fort bien qu'il s'agissait de déclarations pour la galerie. Côté cour, les dirigeants de l'impérialisme français collaborent avec les dictateurs en place. Les compagnies françaises présentes en Afrique sont trop bien servies par ces régimes pour que les dirigeants politiques fassent quoi que ce soit qui puisse leur causer un déplaisir quelconque. Les Eyadéma et les autres pratiquent donc leurs méfaits avec d'autant plus de tranquillité.