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Leur société
Sans-papiers : L'acharnement révoltant du gouvernement
Au fil des semaines, les immigrés en situation irrégulière voient leur sort s'aggraver. Les menaces d'arrestation, d'expulsion, les tracasseries administratives, les détentions se multiplient. Et de nombreux faits récents sont tout simplement révoltants.
Ainsi les 150 Roms expulsés le lundi 14 avril d'un immeuble de Montreuil appartenant aux Domaines sont victimes d'un véritable acharnement. D'après le comité qui les soutient, ces Roms originaires de Roumanie "subissent depuis lors l'acharnement des pouvoirs publics. Lors de l'expulsion, la police a procédé à une rafle (contrôle, fouille et embarquement collectif) qui a conduit 52 personnes en centre de rétention. Six adultes et trois enfants ont été renvoyés en Roumanie, mais tous les autres interpellés, soit 43 personnes (y compris les enfants), ont été relâchés, pour des motifs divers et par des tribunaux différents ." Mais, précise le communiqué, les autorités ne s'en tiennent pas là puisque, après les "annulations de procédures au tribunal de grande instance de Meaux, l'annulation de procédure par le TGI de Paris, l'annulation des arrêtés de reconduite à la frontière par le tribunal administratif de Cergy, les libérations accompagnées d'assignations à résidence au TGI de Bobigny, la préfecture s'acharne et entend bien faire infirmer tous les jugements favorables aux personnes interpellées: elle a fait appel de la décision du tribunal de Meaux et de la décision du tribunal administratif annulant les arrêtés de reconduite à la frontière."
D'autres Roms, à Saint-Denis, risquent aussi d'être expulsés d'autres campements où ils sont installés.
Par ailleurs, la Coordination nationale des sans-papiers dénonce un autre fait révoltant qui s'est déroulé le 23 avril. Ce jour-là, d'après un communiqué de cette association, "un nouveau charter affrété par M. Sarkozy est parti de Roissy en fin de matinée avec, à bord de la Compagnie Euralair, 55 sans-papiers: 26 Sénégalais, 18 Ivoiriens et 11 Nigérians.
Comme pour les autres charters, la Croix-Rouge française était là, accompagnant des déportations sous prétexte d'"humanitaire"! Autre sinistre originalité de ce charter: parmi les 90 policiers qui encadraient les 55 expulsés, il y avait 20 policiers sénégalais."
Un autre fait encore est évoqué dans le même communiqué: "Jeudi 17 avril, un vol commercial Paris-Bamako a subi un retard de 13 heures du fait de la protestation de sans-papiers embarqués à bord de ce vol, auxquels se sont joints un responsable de la Confédération Paysanne, Patrick Hermann, Annie Pourre, secrétaire générale de Droits Devant! , et un ingénieur de 50 ans vivant à Rennes, Djibril Bâ. Ces personnes sont aujourd'hui assignées en justice et risquent de lourdes peines. C'est de fait le "délit de solidarité avec étranger en situation irrégulière" que M. Sarkozy veut réinstaurer. C'est inacceptable!" affirme à juste titre la Coordination qui appelle à protester lors de la tenue de ces procès.
Le 27 avril enfin, on apprenait que trois mineurs chinois dont les parents demandent leur régularisation sont détenus en zone de transit à l'aéroport de Roissy.
"Il s'agit de Lin Tie Feng, né le 22 juin 1986, Chen Ting, né le 5 janvier 1989, et Chen Fei Fei, né le 20 mai 1988."
D'après la Coordination nationale des sans-papiers (la CNSP), "ces mineurs rejoignaient tout simplement leurs parents, tous sur le territoire français en attente d'une décision de régularisation, et pour l'un des parents détenteur d'une carte temporaire maladie. (...) Une pratique qui constitue manifestement une atteinte à la convention sur les droits de l'enfant et à l'article 8 de la convention sur la famille, laquelle interdit la séparation des familles."
Tous ces faits, pris parmi bien d'autres qui se passent à Marseille, à Lyon, à Bordeaux ou ailleurs, doivent être dénoncés. Lutte Ouvrière s'associe aux actions de protestation et de soutien qui sont organisées contre cette politique impitoyable d'un gouvernement qui fait du Le Pen sans Le Pen et veut, en fait, plaire aux secteurs les plus réactionnaires de l'électorat.