Luxembourg : La colère des ouvriers de Cockerill30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Luxembourg : La colère des ouvriers de Cockerill

Jeudi 17 avril, 2 500 sidérurgistes de l'usine Cockerill-Sambre de Liège en Belgique sont venus exprimer leur colère et leur rage devant le siège de la direction d'Arcelor à Luxembourg.

Depuis le 24 janvier, date de l'annonce de la fermeture de quatre sièges "continentaux" d'Arcelor (Liège, Florange, Brême et Ekostahl) il n'y avait pas encore eu d'actions déterminées des travailleurs eux-mêmes. La direction d'Arcelor a décidé la fermeture de la phase à chaud liégeoise et cela devrait s'étaler entre 2005 et 2006. Le Gouvernement régional wallon et les directions syndicales ont voulu la faire reculer; le Gouvernement régional wallon parce que l'on est en pleine période pré-électorale et qu'il veut donner l'impression de faire tout de même quelque chose avant ces élections du 18 mai. Quant aux directions syndicales, leur stratégie, en trois mois de temps, a considérablement évolué. Au départ, fin janvier, elles exigeaient le maintien de la phase à chaud et une sidérurgie intégrée. Tant la CSC (30% des syndiqués) que la FGTB (70%), ont progressivement reculé, pour finalement accepter la fermeture du chaud, d'abord en 2015 puis en 2010, et aujourd'hui le 1er janvier 2008! Jusqu'à présent, ces directions syndicales avaient organisé deux manifestations très pacifiques, l'une le 6 février à Seraing (5000 personnes) et l'autre à Liège le 13 mars (50000). En dehors de cela, il y avait eu quelques "actions symboliques" mais malheureusement limitées aux délégations syndicales.

C'est dire si en trois mois la colère des travailleurs a eu le temps de s'accumuler, alors que 10000 emplois sont en jeu.

Les travailleurs de Cockerill sont donc arrivés à Luxembourg très remontés et avaient clairement l'intention d'exprimer leur colère à la direction d'Arcelor. Très vite, des affrontements ont eu lieu entre sidérurgistes et policiers luxembourgeois, soutenus par des auto-pompes et deux blindés prêtés par la police belge. Les métallos sont arrivés vers midi dans le centre de Luxembourg, ayant pris place dans une cinquantaine de cars partis peu après 8 heures de la plupart des divisions de Cockerill. Une grève de 24 heures avait été décrétée dans l'ensemble de l'usine liégeoise.

À grands pas depuis le point de débarquement des cars, le cortège s'est dirigé vers le château d'Arcelor. Mais les forces de l'ordre locales, dûment casquées et armées, ont chaudement reçu les ouvriers. Ces derniers avaient à peine touché à un "crin" des chevaux de frise que le face à face tournait au pugilat. On allait avoir droit à quelques moments très "chauds" se soldant par 18blessés dont 9policiers, 7manifestants et 2passants. La police luxembourgeoise y est allée sans hésiter dans l'arrosage, les balles en caoutchouc et les gaz lacrymogènes. Peu après 13 heures, la voiture sono du syndicat était repoussée sur plusieurs dizaines de mètres par un blindé et vers 15 heures la police chargeait en nous repoussant depuis le centre de Luxembourg jusqu'aux cars. Il y a eu 23 arrestations administratives, et le centre de Luxembourg se souviendra encore longtemps du passage des métallos...

Vendredi 2 mai les métallos liégeois redescendront à Luxembourg mais cette fois-ci, ils devraient être accompagnés par leurs collègues allemands et français. On en attend 8000. Et vu les drames sociaux qu'Arcelor prépare dans les différents bassins sidérurgiques, nul doute que l'ambiance y sera de nouveau chaude. Les travailleurs du 1er trust mondial de l'acier ne peuvent accepter de se laisser sacrifier sur l'hôtel des profits parce que les actionnaires exigent leurs 15% de bénéfices annuels!

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