L'un des maîtres mots du gouvernement dans son entreprise de démolition des retraites est celui de "liberté": "liberté" de choisir sa retraite, "liberté" pour les salariés de choisir l'âge de leur cessation d'activité. Quel monde merveilleux que celui-là, où tout le monde est "libre" de tout. Et l'on voit journalistes, voire syndicalistes, emboîter le pas à ces beaux parleurs et adopter leur vocabulaire sans sourciller.

Un récent sondage a été par exemple organisé, où l'on demandait aux personnes interrogées si elles "préféraient" travailler plus longtemps ou si elles "préféraient" toucher une retraite moindre. Et les commentateurs de disséquer gravement la signification des réponses.

Mais combien de salariés décident de quoi que ce soit à ce sujet? Combien peuvent tranquillement faire leurs comptes, et décider de partir de leur plein gré de leur entreprise ou d'y rester quelques années de plus?

Dans le secteur privé, l'âge officiel de la retraite est de 60 ans. Mais l'âge moyen réel de la cessation d'activité est de 57 ans. Pas parce que les salariés le décident, mais tout simplement parce que les patrons se débarrassent à tour de bras de leurs salariés usés... et, souvent, même des autres!

À l'heure où les plans sociaux succèdent aux plans sociaux, où le chômage monte en flèche, et où le patronat utilise à plein régime le système des préretraites, la chansonnette de la "liberté" des salariés est une sinistre plaisanterie.

Dans cette société, c'est au nom de la liberté d'entreprendre qu'on licencie. C'est au nom de la liberté de s'enrichir qu'on enfonce des populations entières dans la misère. C'est au nom de la liberté de posséder qu'on dépouille le plus grand nombre du nécessaire.

Alors, quand les capitalistes parlent de liberté, on peut être sûr d'une chose: c'est que l'asservissement des travailleurs n'est jamais bien loin.