La prochaine hausse du smic profitera plutôt... au patronat!30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La prochaine hausse du smic profitera plutôt... au patronat!

Le ministre des Affaires sociales, François Fillon, a annoncé lundi 28 avril que le Smic augmenterait de 6% au 1er juillet. Une décision qui, selon les propres mots du ministre, devrait "faire hurler le Medef". Mais à y regarder de plus près, si le patronat hurle, ce sera de joie!

D'abord cette augmentation annoncée n'est en réalité que la conséquence du rattrapage mécanique de la hausse des prix et de la réforme du Smic mise en place pour réduire l'écart entre les six Smic existants. On additionne donc d'un côté 2,6% de hausse des prix moyenne sur les douze derniers mois et 3,7% prévus au titre de la réforme. Et bien entendu ce "rattrapage" des prix n'intervient qu'après douze mois de hausses enregistrées.

De plus, sur les 2,7 millions de smicards, 615000 seulement bénéficieront de cette hausse, c'est-à-dire un sur cinq. Et, même pour ceux-là, on est très loin de ce qui serait nécessaire pour vivre décemment. Une smicarde concernée, salariée depuis trente ans dans une usine de textile du nord de la France, mère de deux enfants et dont le compagnon gagne un peu plus de 1,5 Smic, témoignait dans Le Parisien que, ces derniers mois, il lui faut prévoir 20% d'argent en plus pour faire ses courses. Selon ses calculs, ce sont 229 euros qui lui seraient nécessaires en plus chaque mois (environ 1500 francs), soit une augmentation d'environ 26% de son salaire actuel!

Au total, pour les smicards les moins bien payés, le rattrapage prévu pour une période de trois années ne dépassera pas 11,4%, ce qui signifie que les salaires continueront à s'essouffler en courant derrière les prix et que l'écart entre les prix et les salaires continuera à se creuser au détriment de ces derniers. Une situation d'autant plus difficile à vivre quand on n'a qu'un salaire réduit.

Et les patrons dans tout cela? Vont-ils vraiment hurler que le gouvernement leur force la main? Peut-être, mais ce seront des cris de mauvaise foi. Car, dans le même temps, c'est-à-dire également à partir du 1er juillet prochain, les entreprises vont bénéficier de nouvelles exonérations fiscales représentant une aide chiffrée par les services du ministre à 7 milliards d'euros, soit environ 46 milliards de francs. Et d'ici 2005, pendant la période de remise à niveau des six Smic, le patronat devrait empocher 19 milliards d'euros d'allégements de charges, soit environ 125 milliards de francs.

Cet argent serait mieux employé s'il était utilisé, par exemple, pour éponger les 2,4 milliards d'euros de déficit de la Sécurité sociale calculé pour l'exercice 2002 ou les 6 milliards qui s'annoncent pour 2003. Cet argent pourrait encore servir à financer les retraites, en lieu et place des 6 milliards d'euros que le même Fillon dit manquer au régime général des retraites ou encore les 14 milliards qu'il cherche à prendre dans la poche des travailleurs de la Fonction publique. Mais, en bon serviteur des classes possédantes, il préfère essayer de faire payer les salariés et futurs retraités, en tentant de leur faire avaler un allongement de la durée de cotisation, et ainsi préserver les cadeaux sonnants et trébuchants qu'il distribue d'une autre main au patronat.

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